La plateforme des acteurs culturels du
Bénin a donné de la voix, ce vendredi 11 novembre 2016. C’était à travers un
point de presse qu’elle a animé à la salle de conférence du Hall des arts à
Cotonou. Après une analyse de la situation actuelle du secteur culturel, la
plateforme désapprouve la gestion du Ministre Ange N’Koué.
« Nous
sommes dans l’angoisse. Nous en avons marre. Nous sommes vraiment fatigués et
révoltés à la fois. Aujourd’hui, nous sommes sur la ligne rouge ». Ce sont
les premiers mots de Pascal Wanou, porte-parole de la plateforme à l’entame du
point de presse. Et il illustre ses propos par certains actes du ministre du
tourisme et de la culture, qui selon ses dires, « plombe le secteur
culturel ». Le premier acte dénoncé par la plateforme, c’est ce qu’elle
appelle « la méprise du ministre ». Une méprise qui ne se limite pas
seulement, selon leurs propos, aux acteurs culturels, mais à tous les cadres de
son Cabinet. Cette méprise, selon Pascal
Wanou, s’explique par l’insulte de l’intelligence des acteurs culturels et
l’irrespect des textes, usages et coutumes qui gouvernent le secteur culturel.
Pour preuve, les conférenciers brandissent le document consensuel élaboré sur
les différentes réformes à opérer au niveau du secteur dans tous ses
compartiments. Un document qui a été élaboré par les acteurs culturels à la
demande du ministre Ange N’Koué lui-même, et qui lui a été déposé le 26 août
2016. Au finish, selon les explications de la plateforme, le ministre a choisi
de mettre de côté ce document consensuel. Et il en élabore d’autorité, sans
aucune consultation des acteurs culturels, un autre qu’il envoie pour
communication en Conseil des Ministres. « Nous avons donc compris que le
fait de nous avoir réuni pour élaborer de façon consensuelle ce document était
une manœuvre pour le ministre de faire croire au président de la République que
nous sommes associés à ce qu’il fait », a déclaré Pascal Wanou.
L’autre
acte du ministre Ange N’Koué dénoncé à ce point de presse, « c’est la
réduction à plus de 52%, le fonds d’aide à la culture, qui passe désormais de 5 milliards, à 2
Milliards 400 Millions ». Or, selon les explications des conférenciers,
les ressources du Ministère prévues au titre du budget de l’Etat exercice 2017
passent de 6 Milliards à 35 Milliards de Francs CFA. Un paradoxe qui ne s’explique
pas selon les acteurs culturels. Et en parlant du budget exercice 2017, le
ministre Ange N’Koué a « supprimé d’autorité, la saison artistique
2017 ». Une saison artistique qui, en temps normal, est clairement définie
au plus tard à la fin du mois d’octobre de chaque année. Pire, selon les propos
des conférenciers, « le ministre a
procédé à des détournements d’attributions ». Se substituant au Fonds des
arts et de la culture, le guichet étatique qui finance les projets des acteurs
culturels, le ministre Ange N’Koué crée lui-même des activités relevant du Fonds des arts et de la
culture auxquelles, des montants
colossaux sont affectés », selon les affirmations des conférenciers. Et
ils comptabilisent plus de 7 milliards de Francs CFA affectés à ses projets que
le Ministre lui-même a créés au détriment des acteurs culturels. Et la
conséquence directe de cet acte du ministre, aux dires des conférenciers, c’est
que les acteurs culturels n’auront plus d’activités propres à eux à mener. Ce
faisant, selon les conférenciers, « il a décidé de mettre la main sur les
¾ des ressources du Ministère du tourisme et de la culture ». Et cette
pilule, la plateforme n’entend pas l’avaler. C’est pourquoi elle dit avoir
rencontré la Commission chargée de l’étude du budget à l’Assemblée nationale à
qui elle a soumis ses propositions et amendements. Dans tous les cas, si le
budget est voté en l’Etat, ils promettent se faire entendre par tous les moyens
possibles.
« Les artistes vont souffrir
davantage »
C’est
ce qu’on peut retenir de l’intervention de Eric Thom’son, président du Conseil
d’Administration du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins
(Bubedra). Et pour cause, selon ses explications, l’Etat semble démissionner
par rapport à la lutte contre la piraterie. L’un des éléments majeurs qui expliquent la souffrance des acteurs culturels. « Le 5 mai 2015, le président Boni Yayi avait pris un
décret pour permettre à la douane de percevoir des redevances sur les supports
(clé Usb, Cd, carte-mémoires…) qui servent à faire la copie privée des œuvres artistiques. Pour
rendre opérationnel ce décret, il faut la signature d’un arrêté
interministériel du Ministre de
l’économie et des finances et du Ministre du tourisme et de la culture. Mais à
notre grande surprise, notre ministre, Ange N’koué, qui devrait faire les
diligences nécessaires et convaincre son collègue de l’économie et des finances
pour la signature dudit arrêté nous a jeté à la figure lorsque nous l’avons
rencontré à ce sujet que « le président Talon n’est pas convaincu par
cette affaire de copie privée que nous défendons. Du coup, nous sommes
abandonnés dans cette lutte contre la piraterie », a expliqué Eric
Thom’son. Au regard de ces faits, Eric Thom’son conclut que « Le ministre
du tourisme et de la culture veut plomber le Nouveau Départ ». Mais il
rassure : « Et ça, nous n’allons pas le lui permettre ».
Contacté
pour réagir à ces accusations, le
ministre Ange N’Koué dit ne pas vouloir
« faire des commentaires sur cette sortie des acteurs culturels ». Il
dit avoir suffisamment discuté desdits sujets avec eux. Toutefois, il promet
sortir, pour bientôt, la vérité des
faits. En attendant, il annonce, pour ce lundi 14 novembre 2016, sa rencontre
avec les députés en vue de leur expliquer, les grandes lignes du budget
exercice 2016, alloué au Ministère du tourisme et de la culture.
Donatien GBAGUIDI
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