A l’état-civil, il
s’appelle Symphorien Hodégodo Zanclan. Mais il s’est révélé aux Béninois par le pseudonyme "Pidi Symph". Musicien professionnel à l’âge de 16 ans, il a réussi, après son
diplôme d’imprimeur en poche en 1989, à s’imposer au show-biz béninois à
travers son tout premier album à succès
intitulé "Oho vivè". Sur notre insistance, il a accepté de se confier
à nous à travers une interview exclusive. Des échanges à bâtons rompus pleins de
nostalgie et d’émotions, mais aussi de révélations croustillantes. Des révélations qui dévoilent tout sur la vie
de l’artiste et ses relations avec Vivi l’International, cette diva qu’elle
appelle affectueusement "Maman Vivi". Découvrez donc !
Comment expliquez-vous
votre nom d’artiste "Pidi Symph" ?
Pidi Symph : Pidi Symph est un alliage entre mon
nom indigène et ma polyvalence.
Autrement dit, cela veut dire "Polyvalent, Djidjoho
Symphorien".
Parlez-nous de vos
premiers pas dans l’art
Je peux dire que je suis né presque dans l’art. Parce que
déjà à l’âge de quatre ans, je suis resté auprès d’un homme, Octado Béhanzin
qui fut le fondateur de l’orchestre de la gendarmerie de Porto-Novo. A quatre
ans donc, moi, je n’ai pas connu d’autres
jouets que les tam-tams. Lui, il tenait sa guitare et moi, la
percussion. C’est comme cela que moi, j’ai vécu mon enfance. Par la suite, nous
sommes devenus tous des musiciens. Ensemble avec d’autres amis de l’époque, nous
avons formé notre premier orchestre, "Octo Alégro", dont je suis devenu le chanteur. C’était en
1975. Au début, j’étais batteur, mais, une fois notre orchestre formé, j’en
suis devenu le chanteur. Je dois vous dire que moi, j’ai composé ma première
chanson quand j’avais neuf ans. Et à l’âge de 16 ans déjà, j’étais devenu musicien
professionnel. Avant même d’aller à
l’école à l’époque, je fais un tour dans l’orchestre "Venus Star" de
l’hôtel "Le Venus" dans lequel
je jouais quand j’avais 16 ans. C’était l’orchestre qui m’avait accueilli après
l’orchestre Octo Alégro qui a formé plusieurs musiciens comme par exemple
Yélouassi. En 1985, il y a eu une perturbation au niveau de l’année scolaire qui a été presque
blanchie. Je me suis alors dit, qu’il me faut aller apprendre un métier. Car,
la vérité, je ne voulais pas faire
carrière dans la musique. C’est ainsi que je suis allé apprendre le métier d’imprimeur
à Cotonou. Arrivé à Cotonou, j’ai sondé le groupe Black Santiago que j’ai
intégré en 1987. Outre ce groupe, j’ai fait aussi la chorale du feu père
Gilbert Dagnon. Après mes expériences dans cette chorale, j’ai intégré le
groupe Poly Rythmo. Le groupe Poly Rythmo que j’ai quitté le 3 mars 1989 après
l’obtention de mon diplôme d’imprimeur. C’est après cela, qu’ensemble avec d’autres amis, nous avons
formé l’orchestre "Le Baobab" en 1991. Cet orchestre est né
pratiquement avec Vivi l’International. Et je dois préciser ici que c’est cet
orchestre qui a déplacé Vivi l’International de Cotonou pour Porto-Novo. Car,
au début du groupe, nous venions l’accompagner à Cotonou où elle était seule,
sur ses spectacles. A un moment donné, nous lui avions demandé de venir
s’installer à Porto-Novo comme tous les autres membres du groupe pour nous
faciliter les déplacements. Une proposition qu’elle a acceptée. C’est ce qui
fait aujourd’hui que Vivi l’International se retrouve à Porto-Novo. Nous
travaillions ensemble jusqu’à un moment où la gestion du groupe a posé problème.
Qu’est-ce qui a causé
la cassure de l’orchestre "Le Baobab" ?
Je dirai que l’ambiance avec Vivi l’International était bien
bonne à l’époque. C’était pratiquement l’ambiance d’une mère avec ses enfants.
C’est cet orchestre qui formait même sa fille Marlène. Je peux dire aujourd’hui
que la dissolution de cet orchestre a joué sur la formation de Marlène. Je
parie que si l’orchestre "Le Baobab" avait duré dans le temps et
avait assuré jusqu’à la fin sa formation, Marlène serait plus talentueuse
qu’elle ne l’est, aujourd’hui. Pour en venir à votre question, je dirai que
c’était un malentendu entre une mère et ses enfants qui a causé la dissolution
de l’orchestre.
N’est-ce pas des
questions d’argent ?
(Il garde un moment le
silence, réfléchit en quelques secondes et répond) : Bon, est-ce que je peux dire que
c’est vraiment des problèmes d’argent ?
Expliquez-nous alors
Ok, je vous l’explique. Le problème s’est posé de retour
d’une tournée à l’époque. (Il hésite un
moment encore et poursuit) : houn ! Est-ce qu’il faut exposer
tout ça ? J’avoue que je suis gêné d’en parler. La vérité, c’est qu’il
s’agissait d’un contrat de tournée que nous avions signé avec notre mère, Vivi
l’International. Après quelques semaines de tournée donc, nous étions rentrés
avec une partie du contrat. Elle autre, elle n’était pas encore rentrée
pour qu’on remette aux musiciens, ce qui
leur revient de droit. Moi j’étais le financier de l’orchestre à
l’époque. Comme elle ne venait toujours pas, en tant que responsables du
groupe, nous avions pris sur nous, la responsabilité de prendre une partie de
ce que nous avions déjà pris dans le contrat pour partager aux musiciens afin
qu’ils ne rentrent pas chez eux les mains vides après des semaines de tournée. Revenue
le lendemain de cet acte que nous avions posé, elle était fâchée du fait qu’on
ne l’a pas attendue avant de partager de l’argent aux musiciens. Ce qui fait
que le reste du contrat qu’elle devrait verser posait aussi problème. Elle
était dans cette colère quand un autre promoteur était venu nous voir pour une
prestation au Lycée Tofa. On lui a proposé comme chanteuse, notre jeune sœur à qui nous avions demandé d’aller
informer maman Vivi l’International afin de négocier avec elle pour signer le
contrat. On était dans cette attente quand le promoteur a lancé la publicité de
son événement. Or, il parait que notre sœur n’était pas encore allée voir maman
Vivi l’International. Ce qui l’a énervée davantage. Quand elle s’est rapprochée
de nous, on lui a exactement expliqué ce qui s’est réellement passé. Mais
ceci ajouté à l’histoire de sous que nous avions partagés aux musiciens
sans l’attendre a fait qu’elle s’est davantage mise en colère. Ne pouvant plus
tenir devant cette colère, on s’est dit qu’il serait difficile de continuer l’aventure ensemble. D’où la
dislocation de l’orchestre "Le Baobab". C’était vers 1994. Et pour
clore ce dossier, je dois préciser qu’il s’agissait d’une tournée qu’elle avait
elle-même initié, en collaboration avec des
autorités locales de l’époque.
Qu’êtes-vous devenu
après la cassure de l’orchestre "Le Baobab" ?
Après la rupture avec cet orchestre, on a monté l’orchestre
IMC, qui est l’orchestre de Monsieur Dossou Aworè Samuel (l’homme d’affaire, mari de la
députée Claudine Prudencio). Dans cet orchestre, j’étais le chanteur. En
fait, outre l’orchestre du Bénin, Monsieur Dossou Samuel Aworè avait un autre
orchestre au Gabon. Les deux orchestres travaillaient en symbiose. Là encore, il y a eu des
problèmes. Pour finir, cet orchestre aussi a été dissout en 1997. Après la
dissolution de cet orchestre, j’ai pris la décision de faire carrière seul. C’est ainsi qu’en
1998, j’ai sorti mon premier album. Je dois aussi rappeler que de la
dissolution de l’orchestre IMC, a émergé le groupe Symbiose qui a sorti un
album sur lequel j’avais chanté. Mais je leur ai refusé de ne pas afficher ma
photo, étant donné que j’avais déjà sorti l’album "Oho vivè" (la parole sacrée) qui faisait tabac à
l’époque. Cet album comportait six (6) titres.
Parlez-nous de l’histoire
de cet album "ohô vivè" qui continue jusqu’à présent d’accrocher les
Béninois.
En réalité, je n’étais pas musicien traditionnel. J’étais
musicien moderne. Ce qui a fait que sur mon premier album, c’est seulement le
titre "oho vivè" qui était traditionnel. Et ce titre a été mis sur l’album par
nervosité. Car, l’arrangeur mettait du temps pour finaliser l’album. Je l’ai donc juste composé pour que l’album
ait tout au moins une petite couleur traditionnelle. Je dirai même que c’est un
morceau bâclé parce que cela fait juste 3 minutes 17 secondes. Vous comprenez
donc que mon espoir n’était pas sur ce morceau. Mais à ma grande surprise,
c’est cette chanson qui a plu à tout le monde. Et c’est bien grâce à ce titre
là que je suis beaucoup plus connu. C’est grâce à cette chanson aussi que
l’institution "Voix d’Afrique" basée en Allemagne m’a sollicité par
le biais de son responsable entre temps venu au Bénin. Il a écouté "oho
vivè" et a pris contact avec moi pour m’amener en Allemagne. N’étant pas
musicien traditionnel, j’ai dû me concentrer sur l’existant (je suis allé à
l’école de mon père et de ma mère qui sont des chanteurs de la musique
traditionnelle), puis, avec l’aide des génies, je suis devenu musicien
traditionnel. Les responsables de "Voix d’Afrique" à qui j’ai
expliqué la situation, m’ont donné du temps pour présenter une maquette. Ce que
j’ai fait, qu’ils ont apprécié. C’est ainsi que j’ai sorti un album de 16
titres en 2000 avec "Voix d’Afrique" en Allemagne. En 2004, j’ai
sorti un autre album de 16 titres également, toujours en Allemagne. Tout ça grâce à l’album "oho vivè".
Ceci m’a confirmé musicien traditionnel. Ces albums ont été beaucoup plus
vendus en Allemagne qu’ici, au Bénin, surtout que cela coûtait vraiment cher à
l’époque. Le prix unitaire étant fixé ici au Bénin à 10.000FCFA. Après cette
aventure avec "Voix d’Afrique", j’ai sorti seul l’album "Ahouannigbo"
(Que la guerre cesse !"). C’était en 2006. C’est ça qui a accompagné
le Président Kérékou qui laissait sa place au Président Boni Yayi. Après cet
album, j’ai produit d’autres vidéos telles que "Les tam-tameurs du
Parlement".
De combien d’albums
disposez-vous à ce jour ?
Mes albums audio sont au nombre de 8. Les clips vidéo font 2.
Avec ce que vous êtes
aujourd’hui, peut-on affirmer que Pidi Symph vit de son art ?
Oui, je peux l’affirmer. En réalité, la carrière musicale,
c’est une question d’organisation. Je ne suis pas économiste, mais je sais
comment orienter mes ressources. L’album "oho vivè" avait beaucoup
coulé. Et ce que j’y ai pu avoir comme devise, je l’ai placé. C’est la même
chose que j’ai fait dans ce que j’ai réalisé sur les albums que j’ai faits avec
"Voix d’Afrique". C’est tout ça qui m’a permis de me réaliser et
d’être ce que je suis aujourd’hui. Je le dis parce qu’il y a ce problème de
mauvaise organisation de notre carrière
qui dérange les artistes que nous sommes. La preuve, dès qu’on remarque qu’on
émerge, on se multiplie les charges sans le savoir. C’est surtout ce qui fait que
vivre de son art pose aujourd’hui problème chez nombre d’artistes.
En parlant de charges
par exemple, artiste très adulé, les femmes en raffolent. Etes-vous
polygame ?
(Il rit un bon moment,
se reprend et répond) : Non, je ne suis pas polygame. J’ai une seule épouse. C’est vrai que j’ai eu une première femme d’avec
qui j’avais divorcé pour des raisons que je ne dévoile pas. Elle m’a fait deux
filles. Après notre rupture, j’ai refait ma vie avec une autre femme qui m’a
fait trois garçons. Et comme ça je vis actuellement.
Et toutes ces femmes,
fans qui
sont séduites par votre talent, qui rôdent autour de vous, comment
parvenez-vous à les gérer ? Dites-le nous en guise de conclusion de cet entretien.
Houn ! Je vous assure que c’est une situation difficile.
Et si j’ai pu m’en sortir, je ne dirai pas que c’est par ma force. J’y suis
arrivé grâce à la prière. Car, je prie beaucoup. Et je peux vous dire que même
jusqu’à ce jour, c’est compliqué. Mais j’essaie de faire les efforts
nécessaires pour l’éviter. Je ne vous dis pas non plus que je n’ai jamais connu
d’autres femmes en dehors de mon épouse. Mais j’essaie d’éviter les amies qui
vont me conduire dans le décor. Car, ce n’est pas parce qu’on a des amies
femmes qu’on va forcément commencer par faire des enfants au dehors. Surtout
que l’éducation d’un enfant n’est pas une mince affaire. C’est le Seigneur qui
nous permet d’éviter ces situations compliquées. Sinon, c’est très facile pour
un artiste d’avoir une dizaine, voire vingtaine de femmes. Je connais par
exemple de jeunes artistes, qui viennent à peine d’entamer leur carrière, mais
qui se retrouve déjà avec six(6) femmes. Je vois d’autres qui, lorsqu’ils
sortent un album qui marche, quand ils étaient dans une chambre-salon, ils
courent pour aller louer un appartement, ou une villa. Je pense que c’est une erreur de se comporter ainsi. Et je
voudrais profiter de cette occasion pour rendre hommage à mon épouse.
L’éducation de mes enfants se repose essentiellement sur ses épaules. Et je la
félicite pour ça. Elle est d’ailleurs secrétaire de rédaction. Mais à cause des
enfants, elle a choisi de mener ses activités à la maison. Ce qui fait que tout
le temps, elle est avec les enfants à la maison et s’occupe vraiment d’eux.
Entretien réalisé par
Donatien GBAGUIDI
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