Après sept villes parcourues, le Fitheb migratoire, 1ère
édition a pris fin ce samedi 3 décembre 2016, au Fort Français de Ouidah. A présent, l’heure
est au bilan. Erick-Hector Hounkpê, le directeur du Festival de théâtre du
Bénin (Fitheb), répond à trois de nos
questions. Des réponses à travers lesquelles, il dresse un bilan satisfaisant de son
initiative et fait de nouvelles promesses.
Ouidah est la dernière ville qui accueille le Fitheb migratoire
que vous avez initié. Après six mois de tournée dans les différentes villes du
Bénin, quel bilan pourriez-vous faire ?
Erick-Hector
Hounkpê : C’est
un bilan satisfaisant à deux grands niveaux : le niveau de nous, les organisateurs du Fitheb migratoire, à savoir permettre aux populations de
s’approprier le Fitheb, de connaître le Fitheb et de regarder les meilleurs de
nos produits artistiques cachés dans nos localités, préparer ainsi un public
pour demain et commencer par assurer la rentabilité de nos spectacles. La
qualité des prestations que nous avons vues prouve qu’il y a des talents et
nous avons raison d’aller les découvrir. Nous allons mener les démarches pour
définir les méthodes de formation à leur profit afin de renforcer davantage leurs capacités et de voir
dans quelle mesure, les faire venir dans
la capitale économique du pays.
Du côté des populations, elles nous ont bien accueillis,
elles ont mis les petits plats dans les grands. Ce qui nous démontre clairement
qu’elles sont désormais impliquées. L’autre chose, c’est que par le retour que
nous avons sur le terrain, les populations ont fait l’écho de leur
satisfaction. La mobilisation a été énorme et vous aviez été souvent avec nous.
On a dénombré plus de 50.000 spectateurs. Notre objectif, c’est de faire en sorte que, par le
biais des clubs Fitheb que nous allons installer, former partout, nous
puissions rentabiliser nos investissements.
Vous avez réussi à
tenir votre promesse par rapport au Fitheb migratoire, une innovation qui porte
votre signature. A présent, quelle est la suite ?
La suite d’abord, c’est de pérenniser le Fitheb migratoire.
C’est de retourner dans les villes où nous avons déjà implanté ces germes afin
que leur engouement pour le Festival ne tombe pas. Et si les moyens nous sont
donnés, nous allons élargir le Fitheb
migratoire à d’autres villes. De sept villes que nous venons de parcourir, nous
passerons à dix villes si tout va bien. Nous allons commencer par glisser des
moments de formation dans tous ces espaces et de renforcer notre démarche de
lecture scénique dans les écoles. Et ce Fitheb migratoire constitue déjà pour
nous, un moyen de prendre contact avec les maires, les autorités locales, pour qu’ils mettent à notre disposition, des espaces que nous allons embellir et transformer en des espaces publics du Fitheb. Le concept est
simple. Quand la mairie nous donne les espaces, en retour, nous aurons
l’obligation de les badigeonner, de rendre les locaux attrayants et de les
transformer en un espace public avec des partenaires que nous allons solliciter pour les
manifestations politiques, culturelles et autres. Et ceci, pour que nos
compatriotes puissent commencer par dire, nous allons à la place publique
Fitheb. Dans cette prise de conscience nationale, on sera obligé d’ériger, de
véritables espaces publics, puis commencer par mettre en place, in fine,
puisque c’est le but visé, des réseaux nationaux du Fitheb. Cette phase-là, si
elle est réussie, permettra aux
créateurs, d’être capables de faire 150 dates, pourquoi pas 300 dates de
diffusion de leurs spectacles dans une année. Etant donné qu’à l’état actuel
des choses, si un metteur en scène crée un spectacle, s’il force les choses, il
arrive seulement à avoir une vingtaine de dates de diffusion. Ce qui n’est pas du tout
rentable. Au-delà de tout ça, nous pensons, et c’est vrai que ça fait partie des perspectives à
long terme, ériger un grand hôtel qui va abriter plus d’une centaine de
galeries. Ceci permettra à l’institution Fitheb, tout en bénéficiant des
subventions de l’Etat que nous saluons au passage, de bénéficier des revenus
substantiels qui lui permettront de financer par anticipation, ses activités.
L’autre chose que nous faisons, c’est l’animation permanente de la salle
Fitheb, même en semaine. Le premier public que nous visons, ce sont les élèves
des collèges et lycées. Cela leur permettra de connaître d’abord l’espace du
Fitheb et puis, de renforcer leur niveau en suivant des spectacles de
professionnels et enfin, leur faire prendre conscience de décider au profit du
Fitheb et de la culture, une fois qu’ils deviendront des décideurs. Le second
public, ce sont les fonctionnaires. Nous avons remarqué que lorsqu’ils sortent
du boulot à midi, beaucoup ne rentrent pas. Nous entendons donc faire des
programmations de 45 minutes pour leur permettre de se détendre avant de
reprendre le service à 15 heures.
Le 3ème public que nous visons dans cette
démarche, c’est le public commercial. Au départ, la salle est gratuite et ça va
l’être en 2017, mais après, nous allons passer à l’étape supérieure.
En face de ce Fitheb, il y a le "Fitheb chez vous".
Et là, c’est de faire l’inverse de ce
que nous venons de vous décrire. Au lieu
que nous amenions les gens dans les
salles du Fitheb, nous allons plutôt aller vers eux. Que cela soit dans les
collèges, dans les administrations ou soit dans les marchés. Nous espérons que
toutes ces démarches menées pourront, à un moment donné, faire rayonner le Fitheb.
En guise de conclusion, dites-nous : Le Fitheb des
enfants que vous avez promis, aura-t-il
effectivement lieu, cette année ?
Bien sûr. Nous n’allons pas oublier les enfants. Les enfants
auront donc effectivement leur Fitheb.
Ce sera le Fitheb des enfants. Il s’agit
d’une activité annuelle qui se tiendra en décembre. A l’heure où nous sommes,
nos jeunes sont en train de coacher des enseignants, des enfants dans quelques
écoles. C’est vrai que pour des questions de budget, nous avons réduit la
taille de nos ambitions à ce niveau. On
ne pourra donc plus assumer l’ambition première. Mais nous allons expérimenter
cela pour que l’année prochaine, cela soit davantage affiné. L’objectif, c’est
d’assurer trois missions auprès de ces enfants dans les écoles primaires. La
première mission, c’est de les sensibiliser au Fitheb, de les initier au
théâtre et en troisième position, les inciter à la création de mini-créations,
jouées par eux-mêmes. Et lorsque ces mini-créations sont faites, nous allons
les réunir le 23 décembre, dans la grande salle du Fitheb, pour qu’ils jouent face à leurs enseignants,
leurs parents et autres. Ce sera une autre forme de médiation vers cette cible.
Nous envisageons à ce niveau-là, d’anticiper leur Noël en leur offrant des
cadeaux.
Entretien réalisé par
Donatien GBAGUIDI
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