Le grand oral du ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué a accouché d’un trophée
qui fait jaser le monde culturel béninois. Un trophée que le ministre a brandi
avec fierté à ce grand rendez-vous
médiatique, tel un gibier abattu après d’inédits exploits. Ce trophée, objet de
toutes les convoitises a pour nom, l’agenda culturel. Ce précieux document qui
constitue pour le monde des acteurs culturels, le baromètre capable de prendre
le pouls de la vie artistique et culturelle
du pays, somnolente depuis plus d’un an déjà. Annoncé, exhibé, il devient
insaisissable, puis recouvre d’un blason mystérieux qui laisse enfler la
polémique.
Dans notre soif de découvrir
le précieux sésame, nous avons réussi à violer ce mystère. Voici donc, l’agenda
culturel dans nos mains ! Un document soigneusement conçu, avec une
couverture artistiquement réussie, qui aiguise en vous, une avide envie de
l’ouvrir pour découvrir le contenu. Un contenu dont les premières pages sont
consacrées au mot du ministre, qui, fièrement, invite le monde à prendre
rendez-vous avec le Bénin. « Le Bénin vous invite à des rendez-vous
atypiques où le génie d’artistes confirmés, le talent d’artistes à révéler, se
mettent ensemble pour offrir des spectacles que seuls, nous avons le don de savoir organiser », s’en est
vanté, le ministre Ange N’Koué. Au total, 19 catégories de manifestations
culturelles y sont retenues. Et le premier grand rendez-vous des manifestations
artistiques au plan national nous fait écarquiller les yeux. Il s’agit du
Festival national du théâtre du Bénin (Fesnat-Bénin) annoncé pour se tenir du
15 au 20 mars 2017. Notre étonnement se renforce davantage lorsque nous savons
que de notre mémoire de journaliste culturel, outre le Festival international
de théâtre du Bénin (Fitheb), qui se
tient aussi généralement en mars, nous n’avons encore eu droit, à un
événement concurrent. Il s’agit,
sûrement donc, sous réserve d’être contredit, d’un nouveau festival qui nous fera découvrir, absolument, de nouveaux visages que nous
aurons le temps d’apprécier. L’autre chose qui retient notre attention dans cet
agenda culturel, si ce qui y est prévu
venait à être validé, c’est que le Bénin
ne vivra pas culturellement d’avril à Août 2017. Il en est ainsi parce que
toutes les manifestations prévues dans l’agenda culturel dans cette période devront être exécutées
soit en Europe, soit dans d’autres pays d’Afrique. L’unique manifestation du
mois d’août, annoncée dans l’agenda pour se tenir au Bénin est intitulé, le
Festival national des Miss du Bénin
(FESMISS-Bénin). Le mois de septembre, quant à lui, nous réserve, au plan
national, le Festival national du cinéma, le Festival national des masques
Guèlèdè, Egougoun, Zangbéto, marionnettes et Kaléta du Bénin. Hormis ces deux manifestations que reconnaît
l’agenda culturel, au plan national, toutes les autres retenues doivent encore
se dérouler hors des frontières nationales. De toutes ces manifestations, tant
au plan national qu’international, des Comités de gestion sont d’ores et déjà
retenus et leur président tout aussi désigné. On peut retenir donc que pour ce
qui concerne les manifestations culturelles du Bénin au Bénin, c’est monsieur Safiou
Tiéga qui préside le Comité de gestion,
en Afrique, c’est monsieur Béo
Aguiar qui chapeaute le Comité de
gestion. Quant aux manifestations culturelles du Bénin dans le monde, c’est
Christel Gbaguidi qui est désigné pour présider le Comité de gestion.
Somme toute, l’agenda culturel, tel que conçu, donne priorité
aux manifestations culturelles du Bénin au plan africain et européen, sans se
soucier de la vie artistique et culturelle qui devra immanquablement reprendre
au plan national. Pire, les grandes manifestations culturelles qui ont déjà
fait le chemin avec les Béninois, et dans lesquelles ils se retrouvent sans nul
doute, sont royalement ignorées par l’agenda culturel. Nous pensons, à titre
illustratif, au festival Agogo, hanlissa, au festival de théâtre et de musique
pour personnes handicapées (Fithmhand) et consorts.
Dans ces conditions, on est donc bien en droit d’affirmer que
l’agenda culturel tel que réalisé, est bien loin de donner du souffle à la vie artistique et
culturelle au Bénin.
Il est donc temps d’arrêter la saignée. Cela revient,
inévitablement, à rebattre les cartes pour mieux les aligner.
Donatien GBAGUIDI
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