90 minutes d’entretien télévisé ont révélé le visage que
présenteront désormais les arts et la
culture avec le "Bénin Révélé". Oui, 90 minutes,
qui ont permis au ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué, de
promener nos regards indiscrets dans le labyrinthe des réformes qu’il promet
depuis un an déjà, aux acteurs culturels. On retient de son grand oral
télévisé, sa farouche volonté de créer de nouveaux types d’acteurs culturels
qu’il veut bien marquer du sceau de la vertu et de la qualité. Il s’agit des entrepreneurs
culturels. Des acteurs que nous pouvons appeler, en termes accessible à tous,
des commerçants culturels. Et quand on le dit ainsi, on n’exagère guère.
Car, pour le ministre Ange N’Koué, désormais, tout acte posé dans le secteur des arts et de la culture au Bénin devra viser le profit. Et il semble bien avoir la potion magique pour faire émerger ces nouveaux types d’acteurs culturels. Sa solution, c’est bien sûr le Fonds de bonification. Un Fonds logé dans un compte bancaire dont on ignore encore tout, mais que le ministre jure accessible à ses « entrepreneurs culturels ». Le système consistera, à la lumière des explications du ministre du tourisme et de la culture, à permettre aux dits entrepreneurs culturels, d’emprunter de l’argent à la banque, après soumission d’un projet culturel bancable, que l’institution bancaire financera pour permettre à l’entrepreneur culturel de concrétiser son projet. Une fois le projet concrétisé, il devra alors rembourser la Banque, à charge pour l’Etat de lui payer les intérêts générés par le prêt qu’il aura consenti. C’est ce que le Ministre appelle désormais de l’accompagnement, et non plus de l’aide à la promotion de la culture qu’il assimile à de l’assistanat. Plus clairement, sans aucune modification du Décret portant Attributions, organisation et fonctionnement du Fonds d’aide à la culture qu’il a rebaptisé le Fonds des arts et de la culture, le Ministre Ange N’Koué détourne l’institution de sa mission originelle qui est d’aider la création et la promotion culturelle. Et puis, il en fait un Fonds de bonification. Ce faisant, le ministre Ange N’Koué semble bien méconnaître les dispositions de l’article 29 de la loi N°91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle en République du Bénin. En effet, il y est clairement stipulé que : « L’Etat béninois crée un Fonds d’Aide à la culture et aux Loisirs en vue de la réhabilitation du patrimoine culturel, la stimulation de la création artistique et littéraire et la diffusion de la culture béninoise sur le plan international ». A la lecture de cette disposition, on se rend bien à l’évidence que le Fonds d’aide à la culture tire son essence de la loi, et l’assimiler à de l’assistanat relève pour nous, d’une interprétation erronée, et donc une insulte à la Représentation nationale qui a voté cette loi. Et si le législateur béninois a institué un Fonds pour aider la culture, notamment dans sa dimension de réhabilitation du patrimoine culturel, c’est bien parce que le produit culturel est particulier en son genre. Refuser par exemple de financer, comme le proclame d’ailleurs avec énergie, le ministre du Tourisme et de la culture, des festivals qui promeuvent à titre illustratif, des rythmes tels que Agbadja, Tipenti, zinli et consorts, constitue pour nous, une erreur d’appréciation de la Charte culturelle. Il nous plait aussi, sans vouloir donner de leçon au ministre, de l’inviter à se convaincre avec humilité de ce que le retour sur l’investissement en matière culturelle n’est pas direct. Il suffit simplement d’observer que lorsqu’un festival financé par l’Etat, s’organise dans une région donnée, ça impacte indirectement sur l’économie locale. A titre d’exemple, compte tenu de la mobilisation autour de l’événement, les bonnes dames de la région peuvent couler abondamment leurs marchandises, histoire de meubler le panier de la ménagère, les hôteliers de la localité peuvent aussi faire de bonnes affaires pour arrondir les taxes sur les nuitées qu’ils payent à l’Etat, et ceci sans compter les volets divertissements et sauvegarde du patrimoine culturel que peut induire l’événement en question.
Car, pour le ministre Ange N’Koué, désormais, tout acte posé dans le secteur des arts et de la culture au Bénin devra viser le profit. Et il semble bien avoir la potion magique pour faire émerger ces nouveaux types d’acteurs culturels. Sa solution, c’est bien sûr le Fonds de bonification. Un Fonds logé dans un compte bancaire dont on ignore encore tout, mais que le ministre jure accessible à ses « entrepreneurs culturels ». Le système consistera, à la lumière des explications du ministre du tourisme et de la culture, à permettre aux dits entrepreneurs culturels, d’emprunter de l’argent à la banque, après soumission d’un projet culturel bancable, que l’institution bancaire financera pour permettre à l’entrepreneur culturel de concrétiser son projet. Une fois le projet concrétisé, il devra alors rembourser la Banque, à charge pour l’Etat de lui payer les intérêts générés par le prêt qu’il aura consenti. C’est ce que le Ministre appelle désormais de l’accompagnement, et non plus de l’aide à la promotion de la culture qu’il assimile à de l’assistanat. Plus clairement, sans aucune modification du Décret portant Attributions, organisation et fonctionnement du Fonds d’aide à la culture qu’il a rebaptisé le Fonds des arts et de la culture, le Ministre Ange N’Koué détourne l’institution de sa mission originelle qui est d’aider la création et la promotion culturelle. Et puis, il en fait un Fonds de bonification. Ce faisant, le ministre Ange N’Koué semble bien méconnaître les dispositions de l’article 29 de la loi N°91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle en République du Bénin. En effet, il y est clairement stipulé que : « L’Etat béninois crée un Fonds d’Aide à la culture et aux Loisirs en vue de la réhabilitation du patrimoine culturel, la stimulation de la création artistique et littéraire et la diffusion de la culture béninoise sur le plan international ». A la lecture de cette disposition, on se rend bien à l’évidence que le Fonds d’aide à la culture tire son essence de la loi, et l’assimiler à de l’assistanat relève pour nous, d’une interprétation erronée, et donc une insulte à la Représentation nationale qui a voté cette loi. Et si le législateur béninois a institué un Fonds pour aider la culture, notamment dans sa dimension de réhabilitation du patrimoine culturel, c’est bien parce que le produit culturel est particulier en son genre. Refuser par exemple de financer, comme le proclame d’ailleurs avec énergie, le ministre du Tourisme et de la culture, des festivals qui promeuvent à titre illustratif, des rythmes tels que Agbadja, Tipenti, zinli et consorts, constitue pour nous, une erreur d’appréciation de la Charte culturelle. Il nous plait aussi, sans vouloir donner de leçon au ministre, de l’inviter à se convaincre avec humilité de ce que le retour sur l’investissement en matière culturelle n’est pas direct. Il suffit simplement d’observer que lorsqu’un festival financé par l’Etat, s’organise dans une région donnée, ça impacte indirectement sur l’économie locale. A titre d’exemple, compte tenu de la mobilisation autour de l’événement, les bonnes dames de la région peuvent couler abondamment leurs marchandises, histoire de meubler le panier de la ménagère, les hôteliers de la localité peuvent aussi faire de bonnes affaires pour arrondir les taxes sur les nuitées qu’ils payent à l’Etat, et ceci sans compter les volets divertissements et sauvegarde du patrimoine culturel que peut induire l’événement en question.
Et pour en revenir au Fonds de bonification que propose le ministre,
sans être des oiseaux de mauvais augure,
on est bien en droit de douter de son opérationnalisation. L’exemple du Fonds
de garantie initié par l’ex directeur du Fonds d’Aide à la culture, Blaise
Tchétchao, sous l’impulsion de l’ex-ministre de la culture de l’époque,
Jean-Michel Abimbola, en 2015 demeure une option éloquente qui témoigne du caractère
particulier du produit culturel. Ce Fonds, d’un montant global de 200 millions
de FCFA, mieux qu’un simple Fonds de
bonification était destiné à rembourser en intégralité, les prêts que feraient
les entreprises culturelles auprès des institutions bancaires pour leurs
activités, en cas de défaillance. Une façon pour l’Etat, conformément aux
recommandations de l’Union économique et
monétaire ouest africaine (UEMOA), d’encourager l’entreprenariat culturel.
Et il ne peut d’ailleurs en être autrement, étant donné que
les entreprises culturelles ainsi que l’industrie culturelle au Bénin, restent des
chantiers à reconstruire, dans un pays où même des événements culturels gratuits
organisés ne drainent pas encore du
monde.
A l’étape actuelle des choses, les préalables à régler
consistent à repenser une réelle politique de la renaissance de l’industrie culturelle béninoise, une
restructuration du Fonds des arts et de la culture pour une gestion plus saine
et plus efficace avec une politique de formation accrue au profit des acteurs
culturels.
En attendant donc de
régler ces préalables, il nous paraît
urgent de ranger d’abord la
fameuse idée du Fonds de bonification qui se révèle, à la lumière des
explications du ministre Ange N’Koué, être un véritable projet mortifère pour la vie
artistique déjà agonisante au Bénin.
Donatien GBAGUIDI
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