jeudi 8 décembre 2016

« Les enfants auront leur Fitheb, le 23 décembre », promet Erick-Hector Hounkpê après le Fitheb migratoire



Après sept villes parcourues, le Fitheb migratoire, 1ère édition a pris fin ce samedi 3 décembre 2016,  au Fort Français de Ouidah. A présent, l’heure est au bilan. Erick-Hector Hounkpê, le directeur du Festival de théâtre du Bénin (Fitheb),  répond à trois de nos questions. Des réponses à travers lesquelles,  il dresse un bilan satisfaisant de son initiative et fait de nouvelles promesses.




Ouidah est la dernière ville qui accueille le Fitheb migratoire que vous avez initié. Après six mois de tournée dans les différentes villes du Bénin, quel bilan pourriez-vous faire ?
Erick-Hector Hounkpê : C’est un bilan satisfaisant à deux grands niveaux : le niveau de nous,  les organisateurs du Fitheb migratoire,  à savoir permettre aux populations de s’approprier le Fitheb, de connaître le Fitheb et de regarder les meilleurs de nos produits artistiques cachés dans nos localités, préparer ainsi un public pour demain et commencer par assurer la rentabilité de nos spectacles. La qualité des prestations que nous avons vues prouve qu’il y a des talents et nous avons raison d’aller les découvrir. Nous allons mener les démarches pour définir les méthodes de formation à leur profit afin de  renforcer davantage leurs capacités et de voir dans quelle mesure,  les faire venir dans la capitale économique du pays.
Du côté des populations, elles nous ont bien accueillis, elles ont mis les petits plats dans les grands. Ce qui nous démontre clairement qu’elles sont désormais impliquées. L’autre chose, c’est que par le retour que nous avons sur le terrain, les populations ont fait l’écho de leur satisfaction. La mobilisation a été énorme et vous aviez été souvent avec nous. On a dénombré plus de 50.000 spectateurs. Notre  objectif, c’est de faire en sorte que, par le biais des clubs Fitheb que nous allons installer, former partout, nous puissions rentabiliser nos investissements.

Vous avez réussi à tenir votre promesse par rapport au Fitheb migratoire, une innovation qui porte votre signature. A présent, quelle est la suite ?
La suite d’abord, c’est de pérenniser le Fitheb migratoire. C’est de retourner dans les villes où nous avons déjà implanté ces germes afin que leur engouement pour le Festival ne tombe pas. Et si les moyens nous sont donnés, nous allons élargir  le Fitheb migratoire à d’autres villes. De sept villes que nous venons de parcourir, nous passerons à dix villes si tout va bien. Nous allons commencer par glisser des moments de formation dans tous ces espaces et de renforcer notre démarche de lecture scénique dans les écoles. Et ce Fitheb migratoire constitue déjà pour nous, un moyen de prendre contact avec les maires, les autorités locales,  pour qu’ils mettent à notre disposition,  des espaces que  nous allons embellir et transformer en  des espaces publics du Fitheb. Le concept est simple. Quand la mairie nous donne les espaces, en retour, nous aurons l’obligation de les badigeonner, de rendre les locaux attrayants et de les transformer en un espace public avec des partenaires que  nous allons solliciter pour les manifestations politiques, culturelles et autres. Et ceci, pour que nos compatriotes puissent commencer par dire, nous allons à la place publique Fitheb. Dans cette prise de conscience nationale, on sera obligé d’ériger, de véritables espaces publics, puis commencer par mettre en place, in fine, puisque c’est le but visé, des réseaux nationaux du Fitheb. Cette phase-là, si elle est réussie,  permettra aux créateurs, d’être capables de faire 150 dates, pourquoi pas 300 dates de diffusion de leurs spectacles dans une année. Etant donné qu’à l’état actuel des choses, si un metteur en scène crée un spectacle, s’il force les choses, il arrive seulement à avoir une vingtaine de  dates de diffusion. Ce qui n’est pas du tout rentable. Au-delà de tout ça, nous pensons, et c’est  vrai que ça fait partie des perspectives à long terme, ériger un grand hôtel qui va abriter plus d’une centaine de galeries. Ceci permettra à l’institution Fitheb, tout en bénéficiant des subventions de l’Etat que nous saluons au passage, de bénéficier des revenus substantiels qui lui permettront de financer par anticipation, ses activités. L’autre chose que nous faisons, c’est l’animation permanente de la salle Fitheb, même en semaine. Le premier public que nous visons, ce sont les élèves des collèges et lycées. Cela leur permettra de connaître d’abord l’espace du Fitheb et puis, de renforcer leur niveau en suivant des spectacles de professionnels et enfin, leur faire prendre conscience de décider au profit du Fitheb et de la culture, une fois qu’ils deviendront des décideurs. Le second public, ce sont les fonctionnaires. Nous avons remarqué que lorsqu’ils sortent du boulot à midi, beaucoup ne rentrent pas. Nous entendons donc faire des programmations de 45 minutes pour leur permettre de se détendre avant de reprendre le service à 15 heures.
Le 3ème public que nous visons dans cette démarche, c’est le public commercial. Au départ, la salle est gratuite et ça va l’être en 2017, mais après, nous allons passer à l’étape supérieure.
En face de ce Fitheb, il y a le "Fitheb chez vous".   Et là, c’est de faire l’inverse de ce que nous venons de  vous décrire. Au lieu que nous amenions les gens  dans les salles du Fitheb, nous allons plutôt aller vers eux. Que cela soit dans les collèges, dans les administrations ou soit dans les marchés. Nous espérons que toutes ces démarches menées pourront, à un moment donné,  faire rayonner le Fitheb.

En guise de  conclusion, dites-nous : Le Fitheb des enfants que vous avez promis,  aura-t-il effectivement lieu, cette année ?
Bien sûr. Nous n’allons pas oublier les enfants. Les enfants auront donc effectivement leur  Fitheb. Ce sera le Fitheb  des enfants. Il s’agit d’une activité annuelle qui se tiendra en décembre. A l’heure où nous sommes, nos jeunes sont en train de coacher des enseignants, des enfants dans quelques écoles. C’est vrai que pour des questions de budget, nous avons réduit la taille de nos ambitions à ce niveau.  On ne pourra donc plus assumer l’ambition première. Mais nous allons expérimenter cela pour que l’année prochaine, cela soit davantage affiné. L’objectif, c’est d’assurer trois missions auprès de ces enfants dans les écoles primaires. La première mission, c’est de les sensibiliser au Fitheb, de les initier au théâtre et en troisième position, les inciter à la création de mini-créations, jouées par eux-mêmes. Et lorsque ces mini-créations sont faites, nous allons les réunir le 23 décembre, dans la grande salle du Fitheb,  pour qu’ils jouent face à leurs enseignants, leurs parents et autres. Ce sera une autre forme de médiation vers cette cible. Nous envisageons à ce niveau-là, d’anticiper leur Noël en leur offrant des cadeaux.

Entretien réalisé par Donatien GBAGUIDI


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