Dans l’après-midi du
jeudi 4 mai 2018, une des grandes voix de la musique traditionnelle béninoise
s’est éteinte. Michel Akodjènou, alias "Capitaine Amikpon", le roi du
"Kpalongo" a donc tiré sa révérence. Et ceci, des suites d’un malaise
qui l’a conduit à l’hôpital de zone de l’Ouémé, d’où il a soupiré pour la dernière fois, alors que ses proches s’apprêtaient à récupérer les résultats de ses
analyses médicales. Comment s’est-il
révélé au public béninois ? Pour répondre à cette interrogation, nous
avons rencontré pour vous, une pièce maîtresse, révélatrice de la légende
Amikpon, qui, sans langue de bois, livre l’essentiel sur la carrière artistique
de l’homme. Découvrez ses témoignages.
L’histoire Amikpon a démarré dans les années 70. Selon les
témoignages reçus de ses proches, il faisait son rythme "Kpalongo"
avec son acolyte, le grand barbu, nommé Agbafafa. A cette époque, ils jouaient
sur des cérémonies pour survivre. Mais en 1974, l’heure de la célébrité va
sonner pour Amikpon. Et de la manière la plus fortuite possible. On dirait un
coup de destin pour encourager les incontestables talents que l’artiste
déployait dans les environs de son Porto-Novo natal pour des miettes. Ce coup
d’accélérateur a été donné par la Société Africaine des techniques
électroniques (SATEL), installée en plein cœur d’Akpakpa, l’un des quartiers de
ville de Cotonou, la capitale économique du Bénin. C’était en 1974. Une année
où, la SATEL, dont le Président Directeur Général, Bernard Dohounzo, a fait la découverte
de l’artiste du rythme Agbadja rénové. De l’ethnie Xwla comme Gbessi Zolawadji,
le PDG de la SATEL a fait appel à Gbessi Zolawadji pour enregistrer son tout
premier album sur un disque de 45 Tours. Trouvant en lui des qualités
exceptionnelles artistiques et humaines, la SATEL décide alors de l’embaucher
comme un collaborateur extérieur, afin de lui permettre de détecter dans les
villages et villes du Bénin, des talents en herbe qui n’ont pas encore la
chance de se révéler au public. Doté
d’un enregistreur pour la cause, Gbessi Zolawadji se lance alors dans la
mission à lui confiée. « Le PDG de la SATEL, en me confiant cette mission
en 1974, m’a doté d’un enregistreur, qui me permettait de parcourir les
différentes localités de notre pays, sur toute l’étendue du territoire national,
pour enregistrer les artistes en herbe qui ont vraiment le talent, et qu’il
faut aider à s’engager dans une carrière artistique prometteuse pour leur
avenir », s’en souvient-il, comme si c’était hier. Et c’est dans ce périple
qu’il a fait la découverte de Michel Akodjènou, alias "Le Capitaine Amikpon"
et son acolyte Agbafafa. Après les avoir écoutés chacun, Gbessi décide
d’enregistrer uniquement Amikpon qu’il trouve répondre aux critères de sélection
à lui fixés par son patron de la SATEL. «Dans mes voyages-découvertes, j’ai
fait la découverte d’Amikpon. Après l’avoir écouté, j’ai décidé de
l’enregistrer du fait de son talent qui était bien perceptible. Arrivé à la
SATEL, j’ai donné l’enregistrement au PDG qui a écouté et l’a aussi approuvé.
Alors, j’ai fait rencontrer les deux hommes qui ont commencé par travailler
ensemble. Et c’est bien là qu’Amikpon a enregistré son premier album. Un album
à succès, qui lui a permis de devenir très célèbre dans le pays. Ils ont
collaboré pendant plusieurs années », a témoigné Gbessi Zolawadji. A la
question de savoir ce qu’est devenu, Agbafafa, l’acolyte d’Amikpon, à l’époque,
Gbessi Zolawadji avoue : « Après ce coup de succès et de célébrité,
je n’ai plus vu Agbafafa derrière Amikpon. Je lui ai toujours posé la question,
mais il ne m’a jamais donné une réponse, jusqu’à sa mort, le jeudi 4 mai
2018 », a confessé Gbessi Zolawadji, avant d’ajouter : « il a
toujours été reconnaissant envers moi, durant toute sa vie. Partout où il
passait, il n’arrêtait pas de témoigner que c’est moi qui l’ai révélé au
public ».
Donatien GBAGUIDI
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