Du 14 au 16 avril 2017,
le journaliste culturel, Paterne Tchaou a réussi le challenge de l’organisation
de la 1ère édition du Festival des Arts Mahi et d’Ilé-Ifè (FAMI). Et
c’est sans le soutien de la commune de Savalou, dans laquelle les
manifestations se sont déroulées. Si
l’on s’en tient aux propos du promoteur de l’événement, qui s’est prêté à nos questions dans cette
interview qu’il nous a accordée. Avec lui, découvrez les premières retombées du
FAMI 2017.
L’Evénement
Précis : Les portes du FAMI sont closes depuis ce dimanche 16 avril 2017.
Que pouvons-nous retenir ?
Paterne Tchaou : D'abord, nous remercions le monde
culturel béninois et international qui nous a soutenus en dépit de tout. On
peut retenir, à l'issue de la tenue de la première édition du Festival des Arts
Mahi et d'Ilé Ifè (FAMI), que toutes les activités programmées ont été
exécutées effectivement. L'Atelier de renforcement de capacités animé par
Hermas Gbaguidi à l'endroit des jeunes comédiens de Savalou, la conférence-
débat, au CEG 1 Savalou, a permis d'entretenir une centaine de responsables de
classes sur le thème : Le rôle de l'art et de la culture dans l'unification des
peuples. Les artistes de différentes communautés ont animé pour le plaisir du
public. Le site touristique programmé a été aussi visité. Ce n'était pas gagné
d'avance mais nous avons pu tenir la route jusqu'au bout grâce aux différents
soutiens.
Votre festival, à voir
ses objectifs, a pour vocation d'unir les communautés mahi et Idatcha. Qu'est-ce
qui vous a inspiré à réfléchir dans ce sens ?
Le Festival des Arts Mahi et d'Ilé-Ifè FAMI est une
plateforme d'expression artistique et culturelle qui regroupe les pratiques
artistiques des populations du département des Collines. Il y a d'une part les Mahi,
et d'autre part, les autres, Idaasha, Nagot, Ifè, Tchabè et Yoruba qui sont des
peuples assimilés et qui partagent ensemble avec les Mahi le département des
Collines. Nous avons été inspirés par l'absence d'espace d'expression
artistique commun aux populations. Chaque peuple s'évertue à promouvoir dans
une logique autarcique ses richesses culturelles en ignorant la présence
effective des autres alors que nous partageons ensemble des villages, des
villes et un département. Le Festival des Arts Mahi et d’Ilé Ifè FAMI répond
donc à une préoccupation sous-jacente relative à la promotion et à la
valorisation des richesses culturelles du département des Collines : celle
de faire de la diversité culturelle, caractéristique fondamentale des Collines,
un outil de développement intégral. Il s’agit d’utiliser les arts Mahi, Nagot,
Tchabè, Idaasha, Ifè et Yoruba comme vecteurs de communication pour ouvrir des
espaces de dialogue interculturels et sensibiliser les différentes communautés
du département des Collines à prendre appui sur leurs richesses culturelles et
artistiques pour le rayonnement de ce département.
En termes d'acquis,
qu'est-ce que le FAMI a apporté au département des Collines ?
Pour une première édition, il serait prétentieux de parler
des acquis. Je ne parlerai pas donc d'acquis mais plutôt d'apport. Nous voulons
souligner par exemple la production audio du morceau "Coma" du jeune
rappeur "Sohavi Nonstavo" qu'un partenaire veut prendre en charge, la
valorisation des rythmes en voie de disparition comme Anglissin, Atihoun,
Akpanhoun, guèlèdè rituel, etc. La visibilité faite autour du musée "La
porte de nos retours", la communion effective entre les différentes
communautés qui ont participé au festival à travers des pratiques artistiques
et culturelles de divers horizons. Le groupe "Miroir Percu" a gagné
par exemple un contact pour participer à un festival de percussion en Allemagne,
en juillet prochain, grâce à la collaboration du Professeur Dodji Amouzouvi,
Directeur du Larred. Le Président de la Commission Afrique de l'Union
Internationale de la Marionnette (Unima) Cheick Amadou Kotondi, a promis
organiser en août 2017, un atelier en arts de rue et marionnettes au profit des
jeunes culturels pour mieux soutenir l'édition prochaine.
Pour parfaire les
prochaines éditions du FAMI, que feriez-vous ?
Pour les prochaines éditions, l'accent sera mis sur la
formation des troupes locales car à travers cette première expérience, nous
avons constaté que ces troupes ont besoin de quelques outils en scénographie,
en mise en scène, en technique d'écriture, en gestion du temps pour présenter des
œuvres de bonnes factures. La communication locale sera accentuée dans un
partenariat avec toutes les radios de proximité du département des Collines, vu
qu'il y en a qui nous ont beaucoup aidés
pour cette première édition.
En guise de conclusion, avez-vous senti le soutien des autorités de la
Municipalité de Savalou autour de votre initiative ? Expliquez-nous donc.
Nous n'avions pas été soutenus par la Mairie de Savalou.
Comme dans toutes les municipalités du Bénin, la culture n'est pas une priorité
pour les autorités locales. Nous faisons avec pour l'instant, tout en espérant
que des améliorations viendront et que leur bonne foi se manifestera. C'est
vrai que l'administration municipale comme partout ailleurs au Bénin manque de
compétences dans le domaine des arts et de la culture. Et les administratifs
qui gèrent ces postes ne sont pas à la hauteur de la tâche parce que ce n'est
pas leur formation de base. Nous comprenons cette mauvaise utilisation des
compétences mais la bonne foi, l'envie de servir sa commune et sa patrie ne
sont pas des valeurs qu'on apprend sur papier. Le soutien financier n'existe
presque jamais. Cependant, l'appui institutionnel ne doit pas être aussi pénible
et contraignant. Accompagner le FAMI doit être un plaisir pour les autorités de
la Mairie de Savalou comme les partenaires ont fait. C'est le moment de
témoigner notre gratitude à tous ces partenaires qui ont cru en nous et qui
nous ont réellement accompagnés.
Propos recueillis par
Donatien GBAGUIDI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire