Une année 2017 débutée
sans saison artistique, guéguerre permanente entre le Ministre du tourisme et
de la culture et les acteurs culturels, le Fonds des arts et de la culture au
budget réduit, sans Conseil d’administration, ni Décret portant Attributions,
organisations et fonctionnement (AOF). C’est ce qu’on peut retenir de la
gestion du ministre Ange N’Koué, un an après sa nomination à la tête du
département du Ministère du tourisme et de la culture, sous le régime de la
rupture.
6 avril 2016 au soir. Le Président élu, Patrice Talon dévoile
son équipe gouvernementale. Parmi les 22 membres du nouveau gouvernement du
régime de la rupture, se trouve un ange. A lui, il est attribué le
Ministère de la culture, de
l’alphabétisation et du tourisme, rebaptisé Ministère du Tourisme et de la
Culture (MTC). L’ange s’appelle Ange N’koué. Aussitôt installé, il devrait
coordonner le processus électoral devant
conduire au renouvellement des membres du Conseil d’administration du Fonds
d’aide à la culture (FAC). Une élection qui devrait démarrer le 18 avril 2016. C’était l’urgence du moment, car, ne pas le
faire, risquait de plonger l’institution dans le vide juridique, dès le 8 juin
2016. Mais face à cette urgence, naissent des mouvements de pressions, porteurs
des dénonciations acerbes contre la gestion du Fonds d’aide à la culture (FAC).
L’urgence pour ces mouvements, c’est d’arrêter le processus électoral en cours,
puis réformer le FAC pour une meilleure gestion. Deux clans d’acteurs culturels
se dessinent alors. Il s’agit du camp des diables, ceux à qui les mouvements de
pression reprochent une gestion calamiteuse et clientéliste du Fonds, puis le
camp des anges, qui se proposent, et proposent des réformes pour une meilleure
gestion de l’institution. Sans doute, Ange N’Koué choisit le camp des anges et
ferme ses portes aux diables désignés.
Ce qui l’amène à suspendre, par l’arrêté N°088/MCT/DC/SGM/CTC/PCA-FAC/SA, pris
le 13 avril 2016, le processus électoral en cours, objet des dénonciations.
Objectif, « voir clair dans ce qui se passe ». Le processus électoral est alors mis en
hibernation. Dans la même logique de sortir les diables désignés de la maison
FAC, par arrêté ministériel, le ministre Ange N’Koué met fin aux fonctions de Bachirou Coffè, l’ex-directeur du FAC et le
remplace par un intérimaire, Francis Zogo. Après ces mesures dites
conservatoires, les réformes annoncées devant aboutir à une gestion plus saine
du Fonds ne se pointent pas. Le secteur plonge alors dans une sorte d’inertie,
les acteurs culturels n’ayant plus de financements pour mener leurs activités.
Face à la situation, les diables désignés brisent le silence et donnent de la
voix. Des points de presse, des marches de protestation ainsi que des conférences de presse
s’organisent pour dénoncer le ministre du Tourisme et de la culture qui, selon
leurs dires, ne fait rien pour mettre fin à la crise au FAC et sauver
l’institution du vide juridique auquel elle s’expose. Face à la pression et le
silence des anges, le ministre a fini par ouvrir ses portes aux diables
désignés. Après des rencontres sur des rencontres, le FAC définitivement dans
le vide juridique depuis le 8 juin 2016, le ministre a dû lâcher prise. Par l’arrêté
N°141/MTC/DC/SGM/CTJ/CTC/DFAC/SA pris le 29 juillet 2016, Ange N’Koué proroge
le mandat des administrateurs désignés diables de six (6) mois. Le but, en
substance, l’arrêté le stipule : « En attendant la mise en œuvre du
processus devant aboutir au renouvellement des membres du Conseil
d’administration du Fonds des arts et de la culture, le mandat des membres
actuels arrivé à terme le 7 juin 2016 est prorogé de six (6) mois à compter du
1er juillet 2016 ».
A l’issue des six (6) mois de prorogation, le Conseil
d’administration du FAC a-t-il pu réellement être renouvelé ? La réponse
est non.
Résultat, à ce jour, l’institution entre temps rebaptisée
Fonds des Arts et de la Culture, demeure sans Conseil d’administration, donc
replongé dans le vide juridique depuis
le 29 janvier 2017, avec un fonds réduit
de plus de 50%. Pire, pour défaut de saison artistique 2017, sa mission
principale d’appuyer les initiatives artistiques et culturelles est mise en
veilleuse, tout comme le secteur culturel et artistique. Une face peu
lumineuse que tente de sauver quelque peu, le directeur du
Fonds, Gilbert Déhou-Malè, nommé par le Président Patrice Talon lui-même, en
remplacement de l’intérimaire, Francis Zogo. Sa stratégie, c’est de se montrer
plus proche de ses pairs, les rares qui continuent d’organiser quelques
activités sporadiques, puisqu’étant lui-même artiste, afin qu’ils ne se sentent
pas totalement délaissés. Pour combien de temps encore, l’inertie va-t-elle
durer ? Bien malin, celui qui donnera une réponse certaine à cette
interrogation.
Donatien GBAGUIDI
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