Dans un spectacle de surpassement de soi, Sofiath
Bello a fait pleurer le public de
l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (EITB) ce mercredi 30 mars 2016 à
Togbin. Retour dans les coulisses d'une création atypique qui enrichit l'écurie
du Fitheb 2016.
Le 28 mars 2014, Sofiath Bello tenait encore sur ses deux pieds. Et elle
s'adonnait encore à cœur joie, à l'art qu'elle adore le plus: la danse. Mais le
29 mars 2014, sa joie de danseuse s'est interrompue. Et pour cause, le malheur a frappé à sa
porte. Alors qu'elle venait de Ouidah, une ville historique du Bénin située
dans le département de l'Atlantique, Sofiath Bello, avec sa moto sur laquelle
elle a remorqué un de ses amis, connut un malheureux accident. Un accident qui
a fini par lui coûter sa jambe gauche et qui la contraint donc à l'ombre et à
l'oubli de tous les promoteurs, puisque
désormais handicapée. Commence alors pour elle, une vie solitaire qui la
prédestinait à l'abîme de son immense talent de danseuse professionnelle. Mais,
de nulle part, une lumière jaillit sur elle et éclaircit son horizon plongé
dans le cachot du désespoir. Il s'agit de l'édition 2015 du Festival
international de théâtre et de musique pour personnes handicapées (Fitmhand
2015). En effet, se souvenant de l'immense
talent d'artiste qui mourait peu à peu
en Sofiath Bello remise enfin des mois
de soins après l'amputation de sa jambe, Gaston Eguedji, le promoteur du
FITMAHAND fait appel à un metteur en scène béninois, Anicet Adanzounon pour
remettre la désormais handicapée motrice Sofiath Bello sur scène. Une proposition que celui-ci
accepte volontiers. Mais pour y arriver, Anicet Adanzounon devra se transformer
à la fois en un psychologue et un metteur en scène persévérant. Car, il faut
d'abord faire accepter l'idée de revenir sur scène à Sofiath Bélo, puis
ensuite, l'aider à réussir cette reconversion de danseuse professionnelle en
une comédienne. D'où la création de "Gbè, tac-tic à la rue des
pingouins". Une création qui l'a réellement mise sur la planche à travers laquelle elle fait pleurer son public d’émotions. Des
pleurs qui proviennent surtout des émotions qu'elle dégage seule sur scène,
dans un monologue qui retrace sa vie de femme solitaire, contrainte à l'oubli
du fait de son handicap. Un handicap qu'elle a su surmonter et qu'elle démontre
une fois sur la planche grâce à la débordante énergie qu'elle déploie en se
transformant tantôt à une vraie ménagère, s'adonnant sans faille aux tâches
domestiques, tantôt à une danseuse professionnelle accomplie, puis à une
véritable bête de la scène. Une façon pour elle de démontrer à tous qu'elle est
guérie de son handicap. Ému, le directeur du Fitheb, Erick-Hector Hounkpê a exhorté
ses homologues étrangers présents à la représentation à la promouvoir afin de l'encourager à
prendre un nouveau départ avec sa nouvelle vie de comédienne convertie.
Donatien GBAGUIDI
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