dimanche 5 mars 2017

Sylvestre Amoussou, Etalon d’argent au Fespaco 2017:Le sacre d’un film sauvé de justesse !




"L’Orage africain, un continent sous influence", le film du réalisateur béninois Sylvestre Amoussou,  a obtenu la prestigieuse distinction de l’Etalon d’argent de la  25ème édition du Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco). Un sacre historique qui fait jubiler les Béninois, mais dont les dessous ont un goût amer !



"L’Orage africain, un continent sous influence" est sacré Etalon d’argent au Fespaco 2017, ce samedi 4 mars 2017. « Mais le film a failli ne pas être finalisé ». Ce sont les confidences de Sylvestre Amoussou, à Ousmane Alédji, promoteur du Centre Artistik Africa qui a accueilli les avant-premières de la projection. Et pour cause, des difficultés de financement du film. Et ce n’est pas faute d’avoir frappé aux  portes des institutions financières classiques. Le problème, c’est la thématique abordée. Une thématique qui positive l’Afrique, dénonce les Occidentaux qui  exploitent les ressources naturelles du continent au nez et à la barbe de tous. Ce film  engagé, appelle quasiment à la  rébellion des dirigeants africains contre cette situation qui appauvrit davantage le continent. Et c’est l’un de ses péchés. «…Quand je dépose mon dossier dans les institutions classiques, ils trouvent que ce n’est pas le genre de films qu’ils ont envie de voir. Ils préfèrent voir des films sur le misérabilisme en Afrique et tout cela. Mais, aujourd’hui, on est quand même en 2017 ! », a confessé Sylvestre Amoussou dans une interview accordée à Radio France internationale (Rfi), et publiée sur le site de la chaine, ce dimanche 5 mars 2017. Et pour y arriver, il a  dû se rabattre sur certaines bonnes volontés pour pouvoir finaliser le budget du film. « Comme pratiquement tous mes films, ce film a été en grande partie financé par des Africains et par des amis européens qui croient dans le travail cinématographique que je fais », a confié le réalisateur à la même radio.  Et ce n’est pas de l’eau à boire. « Je sais que ça a été très dur, vraiment très dur pour lui et son équipe. Il attendait quelques promesses qui n’ont pas été honorées… »,   témoigne  Ousmane Alédji. D’autres tentatives de mobilisation de ressources financières se sont révélées décevantes, selon les confidences du réalisateur. « …après, je lui ai proposé des avant-premières, histoire de mobiliser non seulement des ressources complémentaires, mais aussi des acteurs politiques importants de notre pays pour en faire des agents de promotion. Je dois avouer que nous avons été très déçus, lui, son épouse et moi »,  regrette Ousmane Alédji.

Qu’a fait le Bénin pour son réalisateur ?
Selon les indiscrétions, le film a bénéficié d’un financement de 2% de son budget prévisionnel au niveau du Fonds d’Aide à la culture, l’actuel Fonds des Arts et de la Culture (FAC). Ousmane Alédji, confirme l’information sans préciser le budget de la réalisation en question. « Je crois que le Fonds d’Aide à la culture devrait intervenir en 2015, à hauteur de 2% à peu près du budget », nous-a-t-il confié. Et il poursuit : « Pour ce que je sais, certaines autorités l’ont, à titre privé, soutenu. Une ou deux, maximum. Les autres l’ont remis à plus tard ».  Et pour ce qui est de la mobilisation autour du réalisateur pour la communication sur le  film, rien n’a pratiquement été fait. Surtout que, selon des indiscrétions, aucun journaliste culturel n’a accompagné la délégation officielle pour suivre les réalisateurs béninois dont les films sont en compétition. Ceci a d’ailleurs exaspéré le journaliste Happy Goudou, qui a effectué le déplacement sur Ouagadougou, à titre personnel. « Le Bénin a peut-être besoin d’un laurier ou d’un sacre d’un de ses talents présents au 25ème Fespaco pour faire prendre conscience à l’actuel Ministre du tourisme et de la culture du Bénin, Ange N’Koué en ce qui concerne sa responsabilité dans la participation du pays à un rendez-vous aussi important que le Fespaco. Nous y reviendrons… », a laissé entendre Happy Goudou dans un commentaire qu’il a intitulé "Le Bénin au Fespaco, ça donne quoi ? », posté sur sa page Facebook le 28 février 2017. Mais la solidarité spontanée dont a fait preuve la délégation béninoise après le prix spécial de l’Assemblée Nationale du Burkina-Faso (un prix qui vaut 7.000.000 de Fcfa) décerné au réalisateur à la veille de son prestigieux sacre, lui a redonné l’espoir de croire encore en son pays. « Selon les témoignages que monsieur Sylvestre Amoussou m’a fait ce dimanche 5 mars 2017 depuis  Ouagadougou, la délégation béninoise au Fespaco aura été d’un grand soutien et réconfort »,   révèle Ousmane Alédji. Une délégation béninoise à qui il  rend d’ailleurs hommage, en laissant entendre : « Nous sommes capables de miracles bien significatifs quand nous nous soutenons ».

Donatien GBAGUIDI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire