"L’Orage africain,
un continent sous influence", le film du réalisateur béninois Sylvestre
Amoussou, a obtenu la prestigieuse
distinction de l’Etalon d’argent de la 25ème édition du Festival
panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco). Un sacre historique qui fait
jubiler les Béninois, mais dont les dessous ont un goût amer !
"L’Orage africain, un continent sous influence" est
sacré Etalon d’argent au Fespaco 2017, ce samedi 4 mars 2017. « Mais
le film a failli ne pas être finalisé ». Ce sont les confidences de
Sylvestre Amoussou, à Ousmane Alédji, promoteur du Centre Artistik Africa qui a
accueilli les avant-premières de la projection. Et pour cause, des difficultés
de financement du film. Et ce n’est pas faute d’avoir frappé aux portes des institutions financières
classiques. Le problème, c’est la thématique abordée. Une thématique qui
positive l’Afrique, dénonce les Occidentaux qui
exploitent les ressources naturelles du continent au nez et à la barbe
de tous. Ce film engagé, appelle
quasiment à la rébellion des dirigeants
africains contre cette situation qui appauvrit davantage le continent. Et c’est
l’un de ses péchés. «…Quand je dépose mon dossier dans les institutions
classiques, ils trouvent que ce n’est pas le genre de films qu’ils ont envie de
voir. Ils préfèrent voir des films sur le misérabilisme en Afrique et tout
cela. Mais, aujourd’hui, on est quand même en 2017 ! », a confessé
Sylvestre Amoussou dans une interview accordée à Radio France internationale
(Rfi), et publiée sur le site de la chaine, ce dimanche 5 mars 2017. Et pour y
arriver, il a dû se rabattre sur
certaines bonnes volontés pour pouvoir finaliser le budget du film. « Comme
pratiquement tous mes films, ce film a été en grande partie financé par des
Africains et par des amis européens qui croient dans le travail
cinématographique que je fais », a confié le réalisateur à la même
radio. Et ce n’est pas de l’eau à boire.
« Je sais que ça a été très dur, vraiment très dur pour lui et son équipe.
Il attendait quelques promesses qui n’ont pas été honorées… », témoigne Ousmane Alédji. D’autres tentatives de
mobilisation de ressources financières se sont révélées décevantes, selon les
confidences du réalisateur. « …après, je lui ai proposé des
avant-premières, histoire de mobiliser non seulement des ressources
complémentaires, mais aussi des acteurs politiques importants de notre pays
pour en faire des agents de promotion. Je dois avouer que nous avons été très
déçus, lui, son épouse et moi », regrette Ousmane Alédji.
Qu’a fait le
Bénin pour son réalisateur ?
Selon les indiscrétions, le film a
bénéficié d’un financement de 2% de son budget prévisionnel au niveau du Fonds
d’Aide à la culture, l’actuel Fonds des Arts et de la Culture (FAC). Ousmane
Alédji, confirme l’information sans préciser le budget de la réalisation en
question. « Je crois que le Fonds d’Aide à la culture devrait intervenir
en 2015, à hauteur de 2% à peu près du budget », nous-a-t-il confié. Et il
poursuit : « Pour ce que je sais, certaines autorités l’ont, à titre
privé, soutenu. Une ou deux, maximum. Les autres l’ont remis à plus
tard ». Et pour ce qui est de la
mobilisation autour du réalisateur pour la communication sur le film, rien n’a pratiquement été fait. Surtout
que, selon des indiscrétions, aucun journaliste culturel n’a accompagné la
délégation officielle pour suivre les réalisateurs béninois dont les films sont
en compétition. Ceci a d’ailleurs exaspéré le journaliste Happy Goudou, qui a
effectué le déplacement sur Ouagadougou, à titre personnel. « Le Bénin a
peut-être besoin d’un laurier ou d’un sacre d’un de ses talents présents au 25ème
Fespaco pour faire prendre conscience à l’actuel Ministre du tourisme et de la
culture du Bénin, Ange N’Koué en ce qui concerne sa responsabilité dans la
participation du pays à un rendez-vous aussi important que le Fespaco. Nous y
reviendrons… », a laissé entendre Happy Goudou dans un commentaire qu’il a
intitulé "Le Bénin au Fespaco, ça donne quoi ? », posté sur sa
page Facebook le 28 février 2017. Mais la solidarité spontanée dont a fait
preuve la délégation béninoise après le prix spécial de l’Assemblée Nationale
du Burkina-Faso (un prix qui vaut 7.000.000 de Fcfa) décerné au réalisateur à
la veille de son prestigieux sacre, lui a redonné l’espoir de croire encore en
son pays. « Selon les témoignages que monsieur Sylvestre Amoussou m’a fait
ce dimanche 5 mars 2017 depuis Ouagadougou,
la délégation béninoise au Fespaco aura été d’un grand soutien et
réconfort », révèle Ousmane
Alédji. Une délégation béninoise à qui il
rend d’ailleurs hommage, en laissant entendre : « Nous sommes
capables de miracles bien significatifs quand nous nous soutenons ».
Donatien GBAGUIDI
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