Il est un Prélat. Et il
vient d’oser. La preuve de son audace, se trouve dans son Essai, "La
Frénésie du messianisme : Balises éthiques contre les lâchetés et marasmes
politiques". Un ouvrage édité par
"Les impliqués", préfacé par le professeur, Victor Prudent Topanou. Et
il est signé du Père Aranud Eric Aguénounon, formateur au Séminaire
Propédeutique Saint-Joseph de Missérété, au Bénin. Un ouvrage officiellement
lancé ce jeudi 07 décembre 2017, à l’Institut des sciences biomédicales
appliquées (Isba), à Cotonou, en
présence d’une panoplie de personnalités.
L’audace du père Eric Aguénounon s’observe à un triple niveau. Le premier niveau d’audace dont il a fait preuve dans son ouvrage, "La Frénésie du messianisme" se justifie par son titre. Prêtre, il sort du carcan habituel du "Prêtre sacrificateur", « tendance générale au Bénin », selon ses propos, pour emprunter le chemin plus complexe et rare du "Prêtre prophète". Ce qui lui permet de défier les stéréotypes préétablis, pour s’engager sur la voie trop glissante d’opiner sur les questions actuelles de sa société, afin de « susciter d’autres réflexions », selon ses dires. Il l’assume d’ailleurs totalement. « Le prêtre est né d’une famille, il est issu d’un terroir, il vit dans une société. Il a donc le devoir d’être sensible aux problèmes qui se posent à sa société », s’est-il justifié. Dans cet ouvrage, le prêtre, Eric Aguénounon aborde des sujets d’actualité sensibles, tels que le messianisme, la politisation outrancière de l’administration béninoise, et égratigne les acteurs politiques, qui cautionnent visiblement ces maux, en ne prenant pas leurs responsabilités pour corriger les choses. Et il illustre le messianisme par la culture et le cultuel qui constituent, selon ses propos « le trépied du messianisme ».
Le second niveau d’audace du père Arnaud Eric Aguénounon, se
trouve dans le choix de ses mots dans l’ouvrage. Morceaux choisis :
« L’Afrique est riche en ressources minières, énergétiques, et agricoles.
Malheureusement, elle reste marquée par l’avidité, la cupidité, la perversité
de ses dirigeants au niveau politique. Au plan anthropologique, elle est
subjuguée par l’obscurantisme de
certaines traditions, des mécanismes irrationnels de mort donnant la mort
morale et physique de façon effrénée,
des manœuvres de nivellement par le bas et de distorsions sociales…. ». Un
extrait, aux mots suffisamment forts, qui interpellent systématiquement, le
lecteur. Et c’est ce que souhaite l’auteur de l’ouvrage. Car, il est bien
convaincu d’une chose : « la dépolitisation de l’administration doit
d’abord commencer par l'esprit du Béninois », a-t-il affirmé. Le Béninois
qui, selon ses dires, perçoit « L’Etat comme un gâteau vers lequel tout le
monde accourt pour prendre sa
part ». Et il s’en désole. Le Bénin est constitué d’un « peuple
structuré dans l’ignorance, mais on n’est pas prêt d’en sortir ».
Le troisième et dernier niveau d’audace du père Arnaud Eric Aguénounon, c’est
le risque qu’il a pris dans son ouvrage,
en proposant aux politiques, des pistes de réflexions pour sortir le Bénin de
sa situation actuelle. Des réflexions qui agrémenteront inévitablement, le
débat sur les questions actuelles, telle que la réforme du système partisan. Et
c’est bien l’actualité de ses réflexions qui inquiète le préfacier de l’ouvrage,
le professeur Victor Prudent Topanou. Car pour lui, les questions d’actualité
ont bien un risque. Ce risque, selon ses propos, c’est « qu’elles sont
évolutives ». De toute façon, l’ouvrage reste un bréviaire auquel il faut
recourir, dans la résolution des problèmes réels qui se posent à la société
béninoise., voire africaine.
Donatien GBAGUIDI
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