Fabrice Salembier |
"Sinibagirwa".
C’est le titre que porte l’ouvrage du Belge, Fabrice Salembier. Une autobiographie qui
dévisage l’Occidental, l’Africain,
précisément le Béninois dans ses états noirs, qui ne laissent aucune place à
l’amour. Sans état d’âme, Fabrice Salembier, après un demi-siècle de vie en Afrique et actuellement au Bénin,
met le doigt sur cette plaie béante qui pue
«…l’égoïsme, la jalousie, la critique dans tout ce qu’elle peut
avoir de négatif… ». Paru aux Éditions Venus, cet ouvrage commis par
Fabrice Salembier, reste un livre de poche qui, sans anesthésie, opère le cœur
noir d’un monde qui suscite d’interminables questions existentielles. Mais en
attendant de vous procurer cet ouvrage d’ores et déjà disponible, en vue de découvrir ses pages noires, lisez
l’interview que nous a accordée son auteur.
Vous vivez depuis des décennies déjà sur le continent
africain. Après le Rwanda, vous êtes actuellement au Bénin. Quels ont été vos
premiers constats, après avoir égrené vos premiers jours sur la terre béninoise
?
Fabrice
Salembier : Un sentiment semblable à l’accueil qui m’avait été donné sur les terres
rwandaises, à savoir chaleur y compris humaine – et c’est sans doute là le plus
important -, hospitalité et sourires. On dit que l’occident a l’heure,
l’Afrique a le temps… Le temps, on se l’approprie, on le fait sien.
Vous avez
commis aux Éditions Venus, un ouvrage intitulé "Sinibagirwa". Que
voulez-vous signifier à travers ce titre assez particulier?
« Je n’oublie pas ». Je n’oublie pas le
drame du génocide dont j’ai vécu les premières heures sur place. L’horreur dans
toute sa splendeur si je puis m’exprimer ainsi.
Dans cet
ouvrage qui constitue vos mémoires, vous avez abordé la thématique de la
jalousie. Quelles sont vos réelles motivations?
Le constat est partout le même : vouloir
éteindre l’autre pour tenter de briller soi-même… L’égoïsme, la jalousie, la
critique dans tout ce qu’elle peut avoir de négatif sont maintenant mis en
exergue par tout un chacun. Comme si cela était nécessaire pour dire à son
entourage, au monde que l’on existe. Navrant constat. Au niveau de mes
motivations à propos de cette jalousie ? Oserais-je prétendre que c’est un
nième signal d’alarme afin que les gens cessent d’être jaloux ? Oui, sans
aucune prétention, cependant. Arrêtons ce jeu puéril qui ne mène de toute façon
à rien…
Faites-nous
découvrir l'ouvrage s'il vous plait.
C’est un parcours de vie, un demi-siècle de vie
entre deux continents. C’est la rencontre de l’Autre, c’est un constat
personnel. Une histoire singulière en quelque sorte. Mon histoire, ma vie au
travers, un ressenti personnel.
Qui
êtes-vous en réalité?
Je suis un BBB : blanc, belge au Bénin
(rires). Plus sérieusement, je suis enseignant de formation en français,
histoire et latin. Père d’une fille de 23 ans. Divorcé et dont les racines sont
en Belgique et le cœur en Afrique. Un homme comme il en existe tant d’autres.
Vous
dirigez au Bénin, une ONG qui travaille pour l'insertion des jeunes en
difficultés avec la loi. Pourriez-vous nous parler de vos expériences dans ce
secteur?
Je travaille pour la Pommeraie (service d’Aide à la
Jeunesse) dont le siège central est à Faulx-Les-Tombes en Belgique. Ici au
Bénin, Nous recevons des jeunes présentant des fragilités
personnelles, en difficulté de relation ou en rupture avec leurs familles ou
institutions, des jeunes vides de motivation, de confiance en soi, de repères
cohérents, de valeurs de vie, de projets de vie, des jeunes adoptant des
comportements inadaptés, à risques. Après un travail de préparation en
Belgique, nous les accueillons ici et ils sont pris en charge par des
éducateurs béninois et placés dans des familles d’accueil béninoises
(cultivateurs, pêcheurs, artisans,…).
Les jeunes s’engagent alors dans des projets locaux
de développement (petit élevage, maraîchage, entretien des locaux d’une école,
d’un orphelinat et implication dans le Centre d’accueil pour enfants handicapés
Assrotinsa que nous avons également mis sur pieds à la demande des éducateurs.
Nous les observons et nous évaluons en permanence
leur évolution et leur (re)construction en vue de leur retour en Belgique. Les
jeunes écrivent aussi leurs récits de séjour qu’ils remettront à leurs
mandants.
Pendant le séjour des jeunes au Bénin, l’équipe en
Belgique rencontre les familles et/ou leurs entourages régulièrement pour
évaluer, épauler et élaborer des projets de vie en vue de leurs retours.
L’équipe en Belgique reste le point de référence pour la famille, l’entourage,
le mandant.
Apres
tant d'années passées au Bénin, qu'avez-vous retenu du Béninois et du Bénin?
Un tas de choses mais si je vous les dévoile, je me
mets à nu et mon ouvrage également. Pour résumer, je dirais de la passion.
En guise
de conclusion, quels sont vos nouveaux
projets?
Un petit livret sur la ville de Ouidah pour les
touristes passés et à venir ainsi qu’un roman dont le titre sera
« l’enfant de Ouidah » qui parlera des difficultés d’un enfant parmi
une famille modeste béninoise et qui rêve d’Europe. Un mélange de fiction et de
réalités (au pluriel parce qu’il y en a plusieurs)
Interview
réalisée par Donatien GBAGUIDI
Source: L’Événement Précis
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