10ans déjà que l’écrivain et cinéaste
engagé sénégalais, Sembène Ousmane s’en est allé. Ce samedi 10 juin 2017, date-anniversaire
de son décès, une projection a été faite
sur la vie de l’homme, au centre
Artistik Africa. Il s’agit d’une initiative du promoteur dudit centre,
Ousmane Alédji, qui a tôt fait de susciter le débat sur Paulin Vieyra, un
cinéaste béninois à qui l’histoire tente d’ôter le titre de "père du
cinéma africain ».
Le film
documentaire projeté dure environ une heure 30 minutes. C’est une réalisation
du duo Samba Gadjigo et Jason Silverman. Il restitue l’essentiel sur la vie
professionnelle et familiale de Sembène Ousmane. On retient de lui, le cinéaste
africain le plus connu et qu’on a tôt fait de désigner comme "le père du
cinéma africain". Et pourtant, le débat suscité à l’issue de ce
documentaire révèle bien que Paulin Vieyra, un Béninois de naissance, paraît
bien côté pour porter ce chapeau de "père du cinéma africain".
C’est en premier, Akambi Akanla, cinéaste
et ancien directeur de la cinématographie, l’un des trois panélistes qui a
soulevé l’inquiétude liée à l’oubli généralisé enregistré sur Paulin Vieyra, né
en 1925 à Porto-Novo. Il a été renchéri par Jemmima Catrayé, l’actuelle directrice
de la télévision nationale et Bonaventure Assogba, le directeur du Fonds
d’appui à la production audiovisuelle (FAPA). Paulin Vieyra qui, par la force des choses, après ses études en
France, s’est établi au Sénégal qui l’a adopté. Et de bonnes raisons existent
pour que le Bénin prenne conscience de sa notoriété afin de l’honorer. Ousmane
Sembène le désigne d’ailleurs comme « L’Aîné
des Anciens ». Et ses hommages à son propos sont bien évocateurs de la
place qu’occupe l’homme dans l’histoire du cinéma africain. Il en est ainsi parce que justement,
c’est bien Paulin Vieyra qui a aidé Sembène Ousmane à réaliser son tout premier
film, court métrage. Il s’agit du film "Borom Sarret, réalisé en
1963. Reconnaissant envers lui, feu Sembène
Ousmane témoigne : « L’indépendance recouvrée, je rentre au Sénégal (de
France) où je retrouve Paulin S. Vieyra au poste de chef du bureau du cinéma.
Chaque semaine avec son équipe de cameramen, il préparait les actualités
nationales, ̏ Sénégal en marche ̋ …L’idée me vient alors d’explorer notre
continent dont je ne savais rien, en dehors de ma province…De retour à Dakar,
je dis à Paulin S. Vieyra mon intention d’aller apprendre à faire des films. Sa
réponse fut directe : ̏ C’est bien ; je suis là ‘’. Ma formation
terminée, je retourne au pays, (…), Paulin S. Vieyra m’aida à réaliser Borom Sarret, mon premier court métrage. …À
l’occasion de ce cinquantenaire d’Afrique-sur-Seine, je me pose et me poserai toujours
cette question : N’eussent été mes liens denses et profonds avec Paulin S.
Vieyra, est-ce que j’aurais réalisé des films ? », Une question qui indique
clairement le prépondérant rôle qu’a joué Paulin Vieyra dans la vie de celui
que l’opinion tente de retenir aujourd’hui comme le père du cinéma africain. Et
pourtant, l’homme a à son compteur, une trentaine de documentaires, au moment
où Ousmane Sembène tutoie la douzaine de films. Et il ne peut d’ailleurs en
être autrement parce que le Bénin ne fait absolument rien pour révéler l’homme
à la génération actuelle afin que son histoire soit restaurée. Le ressusciter,
à travers ses œuvres, pour enfin lui restituer sa place de "père du cinéma
africain" ne sera que justice rendue à Paulin Vieyra, décédé le 4 novembre
1987, des suites d’une crise cardiaque, à Paris.
Donatien GBAGUIDI
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