Depuis le 6 avril 2016,
le vent du changement du régime Boni Yayi a soufflé sur le secteur des arts et de
la culture. Le régime de la rupture et du Nouveau départ une fois installé, a
engagé une série de réformes dans maints secteurs de la vie socio-économique et
politique du Bénin. Mais depuis deux ans, la culture, en dehors de quelques
actions marquantes qui relèvent parfois de la souveraineté nationale, quoique
défrichée, attend toujours la marque du régime Talon.
Au nom des réformes, Ange N’Koué, le ministre du tourisme et
de la culture du premier gouvernement du régime Talon, a suspendu le Fonds
d’Aide à la Culture (FAC), l’unique guichet de financement des activités
artistiques et culturelles. Nous étions en avril 2016, en plein processus de
renouvellement du mandat des administrateurs de l’institution. Du coup, les
acteurs culturels qui espéraient voir leurs dossiers étudiés ou entrer en possession
du reliquat de leurs projets d’ores et déjà adoptés pour le compte de la saison
artistique 2015 ont dû se résoudre à la nouvelle donne. Cette dette dont le
montant est estimé à environ 635.000.000FCFA n’est pas jusqu’à ce jour, remboursée,
en dépit des nombreuses promesses de remboursement faites. Compte tenu de ce
blocage du Fonds d’aide à la culture, de 2016 jusqu’à ce jour, le Bénin n’a pas
connu de saison artistique. Au contraire, le Fonds a été réduit à 2 milliards
400 millions, au lieu de 5 milliards précédemment retenus sous le régime Yayi.
Bien que ce budget soit chaque année consigné dans la loi de finances de
l’Etat, il n’aura jamais servi à faire fonctionner le Fonds d’aide à la
culture, aujourd’hui transformé en Fonds des arts et de la culture (FAC), à la
faveur du nouveau décret récemment adopté en Conseil des Ministres, sur
l’initiative du successeur de l’ex-ministre, Ange N’Koué, Oswald Homéky, promu
Ministre du tourisme, de la culture et des sports (MTCS), en octobre 2017.
Une lueur d’espoir,
mais toujours pas rassurante !
Après pratiquement deux ans de blocage du fonctionnement du
Fonds des arts et de la culture, le Conseil des Ministres a fini par donner une
preuve des réformes qu’il dit engager dans le secteur. En effet, un nouveau décret
portant Attributions, organisations et fonctionnement (AOF) du Fonds des Arts et
de la culture a été adopté, en 2018, remettant ainsi en scène, l’institution.
En gros, on retient des réformes qui y sont opérées, la réduction de 15 à 7, des
membres du Conseil d’Administration, l’introduction du Fonds de bonification au
profit des entrepreneurs culturels et consorts. Cette réhabilitation du FAC,
doublée de la rencontre tenue avec les acteurs culturels, le 21 février 2018,
par le ministre du tourisme, de la culture et des sports, Oswald Homéky, qui
leur a dévoilé, "la stratégie de relance du secteur de la culture", a
fait renaître l’espoir dans le secteur. Une lueur d’espoir toujours pas
rassurante, vu que tout demeure des mots et des ambitions, encore sur papier.
Quelques talents ont
émergé !
Dans cette galère culturelle sous la rupture, le Bénin a
pourtant réussi à marquer sa présence sur de grandes scènes internationales. On
retient d’abord, le prestigieux Prix d’Argent décroché par le réalisateur
béninois, Sylvestre Amoussou au Festival panafricain de cinéma et de
télévisions de Ouagadougou en 2016. Un prix qui a rehaussé l’image du Bénin au
plan international, même si le lauréat n’a jamais pu rencontrer les autorités
béninoises, ne serait-ce que pour recevoir leur félicitation et encouragement.
L’autre talent qui a réussi à se révéler au monde en 2017, c’est bien le
plasticien Remy Samuz. Il a décroché, pour le compte du Bénin, le Prix d’or aux
jeux de la Francophonie. Contrairement à Sylvestre Amoussou, il a été reçu et félicité
par l’ex-ministre du tourisme et de la culture, Ange N’Koué. Outre ces deux
prestigieux prix qui ont fait parler du Bénin au plan international, il y a
aussi l’impressionnante moisson obtenue par le Ballet national du Bénin, lors
de sa tournée internationale italienne, aux festivals d’été, organisés par le
Conseil international des organisations de festivals de folklores (Cioff). Deux
prestigieux trophées ont été obtenus par l’institution, lors de cette expédition
internationale. Toujours au plan international, le Bénin a réussi à marquer sa
présence, en 2017 ainsi qu’en 2018, au Salon international de livre de Paris.
Au plan national, l’organisation du Prix littéraire du Président de la
République par le Ministère du Tourisme et de la culture, à travers la
direction des arts et du livre, reste des points positifs à inscrire au bilan
de la gouvernance culturelle sous le régime Talon. L’organisation du Festival
international de théâtre du Bénin, prévu pour se tenir mi-novembre, selon les
promesses du ministre Oswald Homéky, reste un challenge pour le régime, tout
comme l’opérationnalisation du FAC. Parviendra-t-il à relever ces défis tel que
promis par le ministre ? Les prochains jours nous édifieront.
Donatien GBAGUIDI
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