Dramaturge, metteur en
scène et promoteur culturel, Hermas GBAGUIDI est à l’honneur depuis le 3
novembre 2017 à l’espace Tchif, avec une série de représentations théâtrales.
Pour avoir mis en scène, la pièce "Le Chroniqueur du PR", qu’il a
d’ailleurs représentée les 3 et 10 novembre 2017, il porte son regard critique
sur cette œuvre de Daté Atavito
Barnabé-Akayi, sacré lauréat du Prix littéraire du Président de la République.
Et après cet exercice, il marque son étonnement que le Prix soit attribué à
l’auteur de la pièce "Le Chroniqueur du PR". Pourquoi cet
étonnement ? Que dit-il des membres du jury ? Réponses dans cette
interview qu’il nous a accordée. Une interview dans laquelle, Hermas GBAGUIDI
annonce « des spectacles tout feu, tout flamme », les 17 et 24
novembre prochains, à l’espace Tchif. Lisez plutôt.
Depuis le 1er novembre 2017, vous avez entrepris une
série de représentations théâtrales à l’Espace Tchif. Vous avez démarré cet
événement par la pièce "Le Chroniquer du PR" de Daté Davito
Barnabé-Akayi, lauréat du Prix Littéraire du Président de la République 2017.
Quelles sont vos motivations en mettant en scène cette pièce ?
Hermas GBAGUIDI : L’œuvre est d’abord une œuvre
d’actualité, puisque c’est une nouvelle publication. C’est le 1er
atout de l’œuvre. Le 2ème atout, c’est que c’est une œuvre hautement
politique. Une œuvre qui attaque de front, sans fioriture, le Président de la
République. Le 3ème atout qui est en même temps la troisième raison
de la mise en scène, c’est que Daté est un ami. Je me suis dit pourquoi ne pas
m’investir à promouvoir cet auteur. Car, depuis son ouvrage, "Les
confessions du PR", il aimerait que des artistes travaillent à le mettre
en scène. Les gens l’ont toujours essayé, mais ça n’a pas pu aboutir. C’est déjà l’un
des regrets que l’auteur exprime.
Après deux
représentations de la pièce à l’espace Tchif, quel bilan à mi-parcours
faites-vous, par rapport au déplacement du public et à l’accueil du message qui y est véhiculé ?
Je voudrais rappeler avant de revenir à votre question
qu’avec la pièce "Le Chroniqueur du
PR", nous avons déjà fait des représentations aussi bien au Togo qu’au
Niger. L’espace Tchif, qui est dans une politique de réouverture depuis octobre
2017, nous a fait l’honneur de nous donner une carte blanche sur tout le mois
de novembre. Tous les vendredis du mois, nous devons donc jouer. C’est ainsi
que nous avons consacré deux vendredis au Chroniquer du PR, du moment où c’est
une pièce nouvellement créée. Je puis vous dire que nous avons eu un public de
qualité. Tous ceux qui sont intervenus sur la pièce, à savoir le préfacier, le
post-facier, l’auteur, des enseignants du supérieur ainsi que le public amateur
étaient au rendez-vous. Ce qui était
aussi intéressant, c’est la rencontre avec le public avant la représentation.
Nous en étions vraiment sidérés. Ça nous bonifie et ça nous demande de montrer
cette représentation aux publics qui n’ont pas pu la voir à l’Espace Tchif.
C’est cet engagement que nous allons prendre bientôt.
Vous qui avez eu la
chance de lire d’abord le manuscrit de la pièce "Le Chroniqueur du
PR", avant sa publication, quel regard critique y portez-vous ?
Le regard critique, je l’ai déjà porté dans ma note d’intention que j’avais envoyée à
l’auteur de l’œuvre avant sa publication. Et il m’avait promis prendre en
compte ma note d’intention dans la réédition du livre. Et pour vous répondre,
je dirai que c’est une pièce qui apparaît toute crue. Parce que cela n’a pas
ménagé le Président actuel. C’est pourquoi j’étais étonné que le jury ait
attribué le prix à l’œuvre. C’est la preuve que les membres du jury ont
réellement fait preuve d’impartialité. Car, s’ils devraient juger l’œuvre de
par ce qui y est écrit, ils devraient la
censurer. Puisque l’œuvre traite de la traîtrise, sur trois paliers à
savoir : traîtrise entre amis, traîtrise par rapport à l’idéologie, traîtrise
également, par rapport aux promesses. Et sur tous les trois paliers, les
protagonistes sont encore vivants et à travers les mots utilisés dans l’ouvrage,
on peut les désigner aisément. On n’a
donc pas besoin d’appeler leur nom pour savoir que c’est de telle ou telle
autre personne qu’on parle. L’imagination de l’auteur était donc difficilement
détachable de la réalité. Et il faut être audacieux pour écrire une telle
pièce, et se trouver un metteur en scène tout aussi audacieux pour la mettre en scène.
Mais nous l’assumons, parce que notre rôle d’artiste, c’est d’être des
éveilleurs de conscience, pour éviter de jouer aux médecins après la mort. Moi
j’interprète la décision des membres du jury d’attribuer le prix à cette œuvre
par leur souci d’envoyer un message au président de la République. Ils veulent
peut-être lui montrer qu’il y a déjà eu des artistes qui parlaient mal de lui.
Car, attribuer le prix du président de la République à une œuvre qui critique aussi
frontalement le Président, c’est faire preuve d’impartialité et d’audace. Et c’est un
acte que nous saluons. J’ai même vu le
ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané, représenter le Président lui-même à cette
soirée de délibération. C’est une hauteur d’esprit qui démontre à suffisance,
la vitalité de notre démocratie.
Deux grandes dates vous
attendent encore pour clôturer la carte blanche que vous a donnée l’espace Tchif
pour vos représentations. En guise de conclusion, à quoi doit s’attendre le
public ?
La prochaine représentation sera consacrée à la pièce "Sossoumassédé".
Il s’agit là, d’une pièce qui traite du panafricanisme, de l’échec et de
l’espoir que nous avons. Elle est écrite par Noël Fassinou et sera jouée par Casimir Agbla, un
comédien de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (EITB). Et pour clôturer
cette carte blanche en beauté, j’ai bien voulu montrer l’autre face de mes
activités, étant donné qu’en plus d’être metteur en scène, j’officie aussi dans
le secteur de la danse. Je finirai donc en beauté avec la relecture que je fais
du rythme "gan-gan", qui est
un rythme déambulatoire. J’ai écrit un texte par rapport à ça que je mettrai en
chorégraphie. L’autre originalité dans ce spectacle en vue, c’est que nous
avons aussi touché à la danse Orisha. Contrairement aux habitudes, des dames
vont porter le feu. Il s’agira d’un spectacle, tout feu, tout flamme. Pour
finir, je voudrais rappeler que ces spectacles seront présentés les 17 et 24
novembre 2017 à l’espace Tchif. Je voudrais donc inviter tout le monde à
prendre le rendez-vous.
Entretien réalisé par
Donatien GBAGUIDI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire