jeudi 29 juin 2017

Chronique culturelle: Passons à l’évaluation de nos autorités et acteurs culturels !

L’exercice est fastidieux et harassant. Car il nous impose rigueur et vigilance. Deux vertus cardinales avec lesquelles des journalistes culturels avisés, à la plume aiguisée, se sont familiarisés des mois durant pour en sortir des résultats tout aussi révélateurs de leur engagement pour une culture béninoise rayonnante qui respire qualité et admiration. Ces résultats obtenus après le marquage à la culotte opéré aux acteurs ciblés, dans leurs faits et gestes sur la scène culturelle et artistique, pourraient nous valoir quelques inimitiés que nous assumerons volontiers. Car, il est bien temps que la plume du journaliste culturel béninois ne serve plus à encenser exclusivement, mais à rendre justice à ceux qui s’échinent, malgré tout, à honorer nos arts et cultures, de par la qualité de leurs actes et décisions.
Pour cette première phase de cet exercice peu ordinaire sous nos cieux, la cible est toute trouvée. Il s’agit d’évaluer les autorités en charge de la culture béninoise, avant de s’intéresser aux acteurs culturels. Et au nom de la méthode et de la qualité, les autorités ciblées sont classées dans différentes poules. La poule A met en compétition, le Ministre du tourisme et de la culture, Ange N’Koué, le Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), Erick-Hector Hounkpè, le Directeur des arts et du Livre (Dal), Léon Zoha et le Directeur du patrimoine culturel (DPC), Didier Houénoudé. Ces quatre autorités en charge de la culture sont soumises à l’évaluation des journalistes en question, à travers trois critères que sont : l’engagement et l’amour pour la culture, les actions et réalisations, la visibilité et l’aura auprès des journalistes culturels. Passés au crible de ces critères, les mieux quottés dans l’évaluation sont révélés au public et sont aussitôt mis en compétition avec des lauréats d’autres poules aussi connues pour subir les différentes phases de l’évaluation. Et c’est après ça que ceux qui ont résisté au tamis des journalistes culturels pourront subir l’épreuve finale de cette fastidieuse compétition. A la finale en effet, la meilleure autorité administrative de la culture est révélée pour servir d’exemple. Et cet exercice, l’ère de la rupture nous l’impose. Cette ère qui fait mainmise sur tout financement de la culture et des arts. Une situation dont profitent allègrement plusieurs autorités en charge de la culture et des acteurs culturels. Ils s’y refugient et se noient dans un immobilisme gênant, qui creuse davantage la tombe à l’animation culturelle. Et certains, lorsqu’ils agissent, c’est pour prendre le contre-pied de ce qui est logique pour le dégel de la situation de blocage à laquelle est soumis le Fonds d’aide à la culture, l’unique guichet public permettant de subventionner et d’appuyer la création artistique et culturelle dans notre pays. Des faits, gestes et décisions qui font braquer tous les acteurs de la chaîne et qui plombent de plus en plus, l’espoir de la renaissance culturelle et artistique au Bénin. Et pourtant, dans cette galère entretenue par le gel des plans de travail annuel (PTA) de la plupart des Directions sous tutelle du Ministère du tourisme et de la culture, certains refusent de s’abandonner à l’inaction. Ceux-là méritent bien d’être célébrés pour servir d’exemple dans un pays où les talents sont sacrifiés sur l’autel de l’injustice, la méchanceté gratuite, l’aigreur, tout ceci au nom du tristement célèbre mot désigné sous l’appellation de "la Béninoiserie". C’est ce qu’a dénoncé l’écrivain béninois, Paul Hazoumè, dans son ouvrage intitulé Doguicimi, en ces termes : « Les Danxomènous feraient de rapides progrès dans la voie du perfectionnement, s’ils pouvaient comprendre qu’ils doivent s’efforcer d’égaler au lieu d’égaliser. ». Il sera renchéri dix années plus tard, plus précisément en 1948, par le philosophe français, Emmanuel Mounier, dans son ouvrage baptisé L’Eveil de l’Afrique noire : « Le Dahomey est le Quartier latin de l’Afrique, mais cet intellectualisme fait de méchanceté et de mesquinerie est de nature à retarder le développement du pays.» Pour nous en tout cas, il n’est point question de nous souscrire à cette logique rétrograde pour continuer de faire gonfler aux médiocres du secteur des arts et de la culture, leurs muscles, afin qu’ils continuent de faire croire qu’ils sont les meilleurs. De toute façon, nous y veillerons. Et désormais, les meilleurs seront célébrés et les médiocres découragés.
 
Donatien GBAGUIDI 
Source: L'Evénement Précis 


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