mardi 13 juin 2017

10ème anniversaire de décès de Sembène Ousmane: Ressusciter Paulin Vieyra !



10ans déjà que l’écrivain et cinéaste engagé sénégalais, Sembène Ousmane s’en est allé. Ce samedi 10 juin 2017, date-anniversaire  de son décès, une projection a été faite sur la vie de l’homme, au centre  Artistik Africa. Il s’agit d’une initiative du promoteur dudit centre, Ousmane Alédji, qui a tôt fait de susciter le débat sur Paulin Vieyra, un cinéaste béninois à qui l’histoire tente d’ôter le titre de "père du cinéma africain ».



Le film documentaire projeté dure environ une heure 30 minutes. C’est une réalisation du duo Samba Gadjigo et Jason Silverman.  Il restitue l’essentiel sur la vie professionnelle et familiale de Sembène Ousmane. On retient de lui, le cinéaste africain le plus connu et qu’on a tôt fait de désigner comme "le père du cinéma africain". Et pourtant, le débat suscité à l’issue de ce documentaire révèle bien que Paulin Vieyra, un Béninois de naissance, paraît bien côté pour porter ce chapeau de "père du cinéma africain".
C’est en premier, Akambi Akanla, cinéaste et ancien directeur de la cinématographie, l’un des trois panélistes qui a soulevé l’inquiétude liée à l’oubli généralisé enregistré sur Paulin Vieyra, né en 1925 à Porto-Novo. Il a été renchéri par Jemmima Catrayé, l’actuelle directrice de la télévision nationale et Bonaventure Assogba, le directeur du Fonds d’appui à la production audiovisuelle (FAPA). Paulin  Vieyra qui,  par la force des choses, après ses études en France, s’est établi au Sénégal qui l’a adopté. Et de bonnes raisons existent pour que le Bénin prenne conscience de sa notoriété afin de l’honorer. Ousmane Sembène le désigne d’ailleurs  comme « L’Aîné des Anciens ». Et ses hommages à son propos sont bien évocateurs de la place qu’occupe l’homme dans l’histoire du cinéma africain. Il en est ainsi parce que justement, c’est bien Paulin Vieyra qui a aidé Sembène Ousmane à réaliser son tout premier film, court métrage. Il s’agit du film "Borom Sarret, réalisé en 1963.  Reconnaissant envers lui, feu Sembène Ousmane  témoigne : « L’indépendance recouvrée, je rentre au Sénégal (de France) où je retrouve Paulin S. Vieyra au poste de chef du bureau du cinéma. Chaque semaine avec son équipe de cameramen, il préparait les actualités nationales,  ̏ Sénégal en marche ̋ …L’idée me vient alors d’explorer notre continent dont je ne savais rien, en dehors de ma province…De retour à Dakar, je dis à Paulin S. Vieyra mon intention d’aller apprendre à faire des films. Sa réponse fut directe : ̏ C’est bien ; je suis là ‘’. Ma formation terminée, je retourne au pays, (…), Paulin S. Vieyra m’aida à réaliser Borom Sarret, mon premier court métrage. …À l’occasion de ce cinquantenaire d’Afrique-sur-Seine, je me pose et me poserai toujours cette question : N’eussent été mes liens denses et profonds avec Paulin S. Vieyra, est-ce que j’aurais réalisé des films ? », Une question qui indique clairement le prépondérant rôle qu’a joué Paulin Vieyra dans la vie de celui que l’opinion tente de retenir aujourd’hui comme le père du cinéma africain. Et pourtant, l’homme a à son compteur, une trentaine de documentaires, au moment où Ousmane Sembène tutoie la douzaine de films. Et il ne peut d’ailleurs en être autrement parce que le Bénin ne fait absolument rien pour révéler l’homme à la génération actuelle afin que son histoire soit restaurée. Le ressusciter, à travers ses œuvres, pour enfin lui restituer sa place de "père du cinéma africain" ne sera que justice rendue à Paulin Vieyra, décédé le 4 novembre 1987, des suites d’une crise cardiaque, à  Paris. 

Donatien GBAGUIDI



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