Adisso, aux côtés de son père, Ezin Gangnon |
Le festival Hanlissa,
qui célèbre les anciennes gloires de la musique traditionnelle s’est tenu ce
dimanche 28 août 2016 au Hall des arts de Cotonou. A l’occasion, deux artistes,
désormais fauchés par le poids de l’âge ont désigné publiquement leurs
successeurs.
Ils ont hérité du pouvoir de chanter. Ce, en lieu et place de
leurs géniteurs. Des géniteurs qui vivent encore. Mais qui ont compris qu’il
faut suivre la relève quand on est encore en vie. L’acte officiel de transmission de leur
pouvoir artistique a été signé ce
dimanche 28 août 2016. Et sur un événement culturel majeur. Le "festival
Hanlissa" du journaliste et animateur de la télévision Canal3 Bénin, Aubin
Akpohounkè. Un événement qui a mobilisé
une impressionnante foule de spectateurs au Pavillon du Hall des Arts de
Cotonou. Il s’agit des icônes de la musique traditionnelle béninoise, "Gbèmanwonmèdé",
le précurseur du rythme "lomba" et Ezin Gangnon, le créateur du
rythme "Taba Hanyé". Deux
queues d’animaux en main (symbole du pouvoir), Gbèmanwonmèdé est le premier
annoncé sur le podium. Sous un tonnerre d’applaudissements d’un public
visiblement très fier de revoir sur scène et bien en forme cette ancienne
gloire de la musique béninoise, il monte délicatement les manches du géant
podium installé pour la circonstance. Et il tonne ! Un entonnement qui
étonne plus d’un, étant donné que malgré le poids de l’âge, rien n’entache sa
sublime voix qu’on lui connaissait depuis 45 ans déjà. Et c’est ça qui fait
monter davantage l’adrénaline des spectateurs qui savourent allègrement avec
d’incessants applaudissements, les vieux répertoires musicaux de Gbèmanwonmèdé.
Lui qui, revigoré par la pluie de billets de banque qui frotte son visage,
s’est laissé aller pour emballer davantage le public. Mais, après quelques
chuchotements à ses oreilles, il sera contraint d’arrêter pour ainsi se
conformer au programme de la soirée. Alors, il se tourne vers son hériter
musical, qui, automatiquement, se met à genoux pour recevoir ses bénédictions.
Après quelques incantations et prières, il ordonne celui-ci d’entonner une
chanson pour montrer à la foule qu’il est bien digne de lui succéder. Sans autre
forme de protocole, l’hériter se lève et révèle son nom d’artiste.
"Dèdomè" qui signifie en langue fongbé, "à la place du
père". Par la suite, il entonne une chanson qui éblouit l’immense foule
qui vient de découvrir que Dèdomè a pratiquement la même voix que son géniteur.
Des applaudissements fusent alors encore de partout. Et Dèdomè cède la place au
second héritier. Lui, il s’appelle "Adisso"
(le fils prend). Par les prières publiques de son géniteur, Ezin Gangnon, lui
aussi entonne des chansons qui émeuvent tout le public. Après cette cérémonie
de transmission de pouvoir, place a été donnée à la prestation de plusieurs
autres anciennes gloires célébrées à cette occasion par le festival Hanlissa.
On peut citer entre autres, Dakossi Dénis, Boko Médard, Aïssi, Ebawadé,
Gbégnon, Aïkpémi et consorts. Des prestations qui ont définitivement mis fin au
festival Hanlissa 2016.
Donatien GBAGUIDI
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