mardi 8 décembre 2015

Ftimhand 2015 à Lokossa: L’émouvant spectacle des artistes handicapés



L'artiste Aubino du Bénin en pleine prestation
La 5ème édition du Festival international de théâtre et de musique pour personnes handicapées (FITMHAND) a vécu ces 4 et 5 décembre 2015 à la Maison du peuple de Lokossa. Et avec des surprises, mais surtout avec beaucoup d’émotions.




Quelques artistes handicapés attendant leur tour sur le podium
Forte mobilisation des acteurs, promoteurs et autorités en charge de la culture
Deux spectacles, de genre différent ont meublé FITMHAND 2015. Il s’agit du théâtre et de la musique. Mais tous sont exécutés par les artistes en situation de handicap. Une situation transformée en  atouts qui ont suscité de fortes émotions tant dans le rang de l’immense foule de spectateurs qu’au sein des professionnels et autorités ayant pris part à cet événement. Et pour cause. Sofiath  Bello, danseuse professionnelle, désormais amputée d’une de ses jambes, à la suite d’un accident de circulation qu’elle a eu le 29 mars 2014,  a débuté les instants d’émotions du FITMHAND 2015 à travers sa représentation théâtrale du vendredi 4 décembre 2015. Au plan scénique, des pagnes au séchoir, une bassine et un tabouret. Des symboles qui indiquent à suffisance que la scène se déroule au domicile de la comédienne. Elle qui, béquilles en mains,  sobrement habillée, regards perçants, s’invite sur la scène en chantant. En toute bonne ménagère, elle s’installe sur le tabouret et commence la lessive. Une première façon pour elle de montrer que son « handicap n’est pas un handicap » pour ses tâches ménagères, comme le précise d’ailleurs le thème du festival. Dans un monologue empreint d’amertume, elle laisse éclore son combat contre la fatalité. « Oui, c’est ce que je devrais faire. Sortir, aller voir  des personnes qui me connaissent en dehors de ma mère », lance-t-elle avec un ton de vigoureux, pour ainsi rompre avec le complexe de la femme amputée, soumise au regard critique  de la société.  Et cette vigueur, la comédienne l’a démontré aux spectateurs dans une débauche débordante d’énergie qui laisse pantois plus d’un. Saisissant en effet ses béquilles, sous des notes musicales aussi bien contemporaines que traditionnelles, l’artiste se met à danser. De fortes émotions saisissent toute l’assistance quand à tout coup, contre toute attente, elle jette ses béquilles. Sur le seul pied encore valide, elle danse, s’étire, s’offre quelques séquences acrobatiques avec des risques qui  éblouissent et  paniquent  à la fois les spectateurs. Et là, au-delà d’une simple représentation, la comédienne entend démontrer à tous que malgré son handicap, elle demeure cette danseuse professionnelle reconnue qu’on peut solliciter pour prester. Et c’est l’objectif que Gaston Eguédji, le promoteur du FITMHAND vise également. « Je veux montrer à ceux qui ont tôt fait de jeter Sofiath Bello dans les oubliettes à cause de son handicap qu’ils ont eu tord, car elle est encore capable de beaucoup de choses », a-t-il insisté. Des propos que le metteur en scène béninois Alougbine Dine  prend à son compte en précisant que Sofiath Bello peut « mieux faire si un travail de fond s’opère au niveau de la direction artistique ». Car, cette prestation, il est bien « ému » et se dit désormais « prêt à accompagner  le FITMHAND sur l’aspect professionnel ». L’autre dose d’émotions enregistrée au FITMHAND 2015, c’est celle du concert de clôture assuré par des artistes-chanteurs handicapés. Sourd et muet, le jeune Doris Fadonougbo peut danser la salsa sans décadence, béquilles en mains, physique visiblement affaibli, Ali Ponré 1er du Burkina-Faso, Moussa du Niger, Aubino et Ras I Bare du Bénin  peuvent assurer la scène pendant environ 30 minutes chacun, au point de faire danser tout un public particulièrement surexcité. Il en est de même pour Yoyo La Fleur et Tonton Roger du Bénin, deux handicapés visuels qui ont eux aussi égayé les spectateurs.


Gaston Eguédji, l’adulé


Aucun festival de promoteur culturel  privé  en dehors de la ville de Cotonou n’a mobilisé encore autant de personnalités. Le promoteur du FITMHAND a réussi à fédérer tous les acteurs des arts et culture autour de lui. On découvre à son festival, une panoplie de directeurs techniques, centraux, de présidents de fédérations d’associations culturelles et de confédération, de promoteurs culturels. Tous étaient venus à Lokossa pour le soutenir. Le soutenir surtout pour la qualité de son festival comme l’ont d’ailleurs reconnus le directeur du Fonds d’aide à la culture qui y était avec une forte délégation et Claude Balogoun, le représentant des artistes au Conseil économique et social. « Nous sommes là parce que vous faites partie des acteurs dont on parle beaucoup en bien. Rassurez-vous que partout où vous serez, je viendrai toujours vous soutenir », a clamé Claude Balogoun devant l’impressionnante foule réunie à la Maison du peuple de Lokossa à l’ouverture du festival. Et pour les participants à ce festival, le mot merci paraît moins pesant pour exprimer leurs émotions. Car, comme l’a reconnu le reggae-man béninois Ras I Baré, participant du festival depuis trois ans, « grâce au FITMHAND, le regard de la société a commencé par changer progressivement sur les personnes handicapées ». 







Donatien GBAGUIDI







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