jeudi 1 février 2018

Musique béninoise: "Sèhouidé", un talent qui défie la souffrance !


Allure frêle. Sourire facile. Voix d’enfant. Trois traits caractéristiques qui collent bien à l’artiste Sèhouidé. Inconnue du grand public, elle ménage pourtant sa monture pour atteindre le lumineux destin que lui garantissent ses talents de chanteuse. Et ceci, en dépit  de la souffrance qui tente de la réduire à néant.




Trois mois après sa naissance en 1986, Anasthasie Sagbo, aujourd’hui "Sèhouidé",   devient orphelin de père. Des suites d’un accident de circulation, son géniteur,  Alphonse Sagbo, banquier  de profession à l’époque, rend le tablier de la vie. Orpheline donc à trois mois, Sèhouidé amorce sa vie de galère avec sa mère, Djoudjou Wandékon, ménagère, qui devra désormais jouer le rôle de père et de mère pour son unique enfant qui venait de naître. « J’ai trop souffert avec ma mère. Quand je la regarde, je pleure. Juste parce que je n’ai pas encore réussi à lui essuyer les larmes de ses infernales années de galère », confesse Sèhouidé, au bord des larmes. Mais ceci ne la désarme guère. Car, sa conviction de réussir semble bien inébranlable. Et le pseudonyme Sèhouidé, son nom d’artiste qu’elle s’est attribué n’est pas anodin. « J’ai choisi Sèhouidé, juste pour faire comprendre à tous que mon destin doit s’accomplir. Je vous assure. J’y arriverai. Sèhouidé doit accomplir son destin. Car, comme le pseudonyme l’indique, rien ne peut effacer les traits que Dieu a inscrits dans la paume de nos mains », affirme-t-elle avec assurance. Et elle semble  avoir de bonnes raisons pour affirmer sa rage de réussir. « Si j’ai échappé en 2012,  de justesse à la mort, ce n’est pas pour rien. Ma mort était déjà annoncée, des suites d’une mystérieuse  longue maladie qui a défié la médecine moderne,  quand miraculeusement, je me suis réveillée à la surprise générale. Dieu ne m’a pas  ressuscitée  pour rien. Je dois réussir, et  absolument », nous confesse-t-elle avec une énergie débordante.

La rage de réussir

Et cette réussite qu’elle exprime avec rage, elle la doit à la musique. Oui, la musique béninoise qu’elle embrasse stratégiquement et  avec méthode,  en y injectant, ses revenus de maîtresse-coiffeuse. Toute chose qui lui a permis de sortir déjà un album de 9 titres, qu’elle baptise à dessein "Ekofo", pour ainsi affirmer que ses « souffrances sont terminées ». On y découvre, exclusivement, le rythme "Gogohoun". Un rythme  qu’elle compte bien substituer au rythme "Adja", une spécialité de sa famille, originaire de Toffo, une commune du département de l’Atlantique. Ceci, en hommage à son défunt  grand-père, grand féticheur, et à sa mère, grande adepte de la divinité "Sakpata". Mais pour atteindre cet objectif dont elle a, de façon évidente, les talents à revendre, au regard  de ses nombreuses compositions qui attendent de sortir des studios, Sèhouidé veut désormais compter sur toutes les bonnes volontés. « J’ai le talent. J’en suis convaincue. Ce que je veux aujourd’hui, c’est un coup de pouce. Et ceux et celles qui  donneront ce coup de pouce à mon destin ne le regretteront pas. Je vous le garantis », lance-t-elle en guise d’appel au secours, pour « vaincre définitivement la fatalité ». Une victoire qu’elle engrange déjà, du point de vue familial, avec ses frères et sœurs consanguins  que « Dieu m’a finalement donné après le second mariage de ma mère, afin que je ne sois pas seule, pour affronter les vicissitudes de la vie ». A vous, mécènes, producteurs et promoteurs culturels, de jouer maintenant votre partition.

Donatien GBAGUIDI
Source: L'Evénement Précis 

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