Allure frêle. Sourire
facile. Voix d’enfant. Trois traits caractéristiques qui collent bien à
l’artiste Sèhouidé. Inconnue du grand public, elle ménage pourtant sa monture
pour atteindre le lumineux destin que lui garantissent ses talents de chanteuse.
Et ceci, en dépit de la souffrance qui
tente de la réduire à néant.
Trois mois après sa naissance en 1986, Anasthasie Sagbo,
aujourd’hui "Sèhouidé", devient
orphelin de père. Des suites d’un accident de circulation, son géniteur, Alphonse Sagbo, banquier de profession à
l’époque, rend le tablier de la vie. Orpheline donc à trois mois, Sèhouidé
amorce sa vie de galère avec sa mère, Djoudjou Wandékon, ménagère, qui devra
désormais jouer le rôle de père et de mère pour son unique enfant qui venait de
naître. « J’ai trop souffert avec ma mère. Quand je la regarde, je pleure.
Juste parce que je n’ai pas encore réussi à lui essuyer les larmes de ses
infernales années de galère », confesse Sèhouidé, au bord des larmes. Mais
ceci ne la désarme guère. Car, sa conviction de réussir semble bien
inébranlable. Et le pseudonyme Sèhouidé, son nom d’artiste qu’elle s’est
attribué n’est pas anodin. « J’ai choisi Sèhouidé, juste pour faire
comprendre à tous que mon destin doit s’accomplir. Je vous assure. J’y
arriverai. Sèhouidé doit accomplir son destin. Car, comme le pseudonyme
l’indique, rien ne peut effacer les traits que Dieu a inscrits dans la paume de
nos mains », affirme-t-elle avec assurance. Et elle semble avoir de bonnes raisons pour affirmer sa rage
de réussir. « Si j’ai échappé en 2012, de justesse à la mort, ce n’est pas pour rien.
Ma mort était déjà annoncée, des suites d’une mystérieuse longue maladie qui a défié la médecine
moderne, quand miraculeusement, je me
suis réveillée à la surprise générale. Dieu ne m’a pas ressuscitée
pour rien. Je dois réussir, et
absolument », nous confesse-t-elle avec une énergie débordante.
La rage de réussir
Et cette réussite qu’elle exprime avec rage, elle la doit à
la musique. Oui, la musique béninoise qu’elle embrasse stratégiquement et avec méthode, en y injectant, ses revenus de
maîtresse-coiffeuse. Toute chose qui lui a permis de sortir déjà un album de 9
titres, qu’elle baptise à dessein "Ekofo", pour ainsi affirmer que
ses « souffrances sont terminées ». On y découvre, exclusivement, le
rythme "Gogohoun". Un rythme
qu’elle compte bien substituer au rythme "Adja", une
spécialité de sa famille, originaire de Toffo, une commune du département de
l’Atlantique. Ceci, en hommage à son défunt grand-père, grand féticheur, et à sa mère,
grande adepte de la divinité "Sakpata". Mais pour atteindre cet
objectif dont elle a, de façon évidente, les talents à revendre, au regard de ses nombreuses compositions qui attendent
de sortir des studios, Sèhouidé veut désormais compter sur toutes les bonnes
volontés. « J’ai le talent. J’en suis convaincue. Ce que je veux
aujourd’hui, c’est un coup de pouce. Et ceux et celles qui donneront ce coup de pouce à mon destin ne le
regretteront pas. Je vous le garantis », lance-t-elle en guise d’appel au secours,
pour « vaincre définitivement la fatalité ». Une victoire qu’elle
engrange déjà, du point de vue familial, avec ses frères et sœurs consanguins que « Dieu m’a finalement donné après le
second mariage de ma mère, afin que je ne sois pas seule, pour affronter les
vicissitudes de la vie ». A vous, mécènes, producteurs et promoteurs
culturels, de jouer maintenant votre partition.
Donatien GBAGUIDI
Source: L'Evénement Précis
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire