Imelda Gnamey dans le rôle de Jacqueline sur scène . |
Le metteur en scène
béninois, Anicet Adanzounon a gagné le pari. Celui de la tournée de son
spectacle "Ecartèlement" qui a parcouru quatre grandes villes du
Bénin avec quelques impacts sur le public.
Quatre grandes villes. Porto-Novo, Parakou, Tchaourou et Abomey-Calavi.
Un seul spectacle. "Ecartèlement", une écriture de la
journaliste Ganiath Bello, mise en scène
par Anicet Adanzounon. Une seule comédienne. Imelda Gnamey. Puisqu’il s’agit
d’un monodrame. Un monodrame proposé
à la première étape de la tournée au public de Porto-Novo. Un public réuni à
l’Espace Ouadada, fait d’Européens et de
Béninois. Pendant 45 minutes, Imelda-dans
le rôle de Jacqueline- dans un monologue fait de répliques , avec à la
clé des jeux de scène qui s’adaptent au ton du texte selon des personnages tels
que Guy Mora, le directeur de l’agence de communication qui l’emploie, le
couple Adam, ses géniteurs, Hervé Kouassi, son chauffeur et amoureux et Bouba,
le partenaire de Guy Mora. A pas de désespérée, voix tremblotante, une chaise
au dos, Imelda s’invite sur la scène et lance : « Mort, engloutis moi…Elle
s’arrête ici, la courte et vilaine vie que je mène. Elle s’arrête ici, la
courte, pauvre et satanique vie que je mène. Douze mois ont suffi pour
anéantir, pas seulement une vie, mais trois vies ». Des propos intrigants
qui captent l’attention des spectateurs sur elle. Elle qui représente l’unique
fille du couple Adam qui rêve comme tout bons parents, d’une vie rayonnante et bien
décente pour leur progéniture. Mais Jacqueline, même si elle rêve aussi de la
réussite professionnelle, ses ambitions la conduiront plus tard dans l’abîme du
désespoir. D’abord amante de Guy Mora, son patron, celui-ci finira par la
troquer contre la signature d’un contrat par Bouba qui, néanmoins, ne
ressuscitera pas son entreprise. A cette étape de la scène, Imelda laisse
encore découvrir ses talents de comédienne avec des gestuelles qui inspirent à
la fois séduction et émotions. Ceci à cause de sa quasi parfaite diction qui
permet aux spectateurs de suivre avec
attention le déroulement de la scène. De son rendez-vous avec Bouba, Jacqueline
s’en sort encore avec fiasco. Puisque son rêve de se construire une vie de luxe
ne sera pas réalisé. Car, Bouba, après avoir tenu avec elle durant tout son
séjour d’affaire, des relations intimes en
échanges de promesses de villas, de comptes en banque bien fournis et d’un
emploi stable, va finir par la larguer. Et Jacqueline va passer à une autre étape de sa course vers l’abîme. Elle soutire
en effet cinquante millions du compte bancaire de l’entreprise familiale dans
l’objectif de quitter « le pays pour se refaire sa vie et retrouver
Bouba ». Mais c’est sans compter avec l’enfer que lui a fait vivre Guy
Mora qui s’empare de l’argent volé après
avoir abusé d’elle, après l’avoir chosifiée et bastonnée. Elle se voit alors contrainte de
revenir solliciter le pardon de ses parents. Mais trop tard. Son père qui n’a
pas pu résister au désastre financier qu’elle a causé à l’entreprise familiale
est mort, sa mère, déboussolée par la folie ambitieuse de son unique fille est
devenue folle et internée au centre psychiatrique. Jacqueline, déshéritée, n’a
donc plus de famille, Hervé Kouassi étant
devenu par la force des choses, l’héritier universel de la famille Adam.
Autant de malheurs qui ont jalonné la vie de Jacqueline. Ce qui, au-delà des
émotions, suscite aussi des débats dans le rang des spectateurs à chacune des
étapes de la représentation. Et là, l’objectif du metteur en scène semble bien
atteint. « Nous avons voulu à travers ce spectacle, sensibiliser les
populations sur les conséquences de nos ambitions démesurées. Et nous avons
constaté qu’après chaque représentation, les spectateurs posent des questions
et nous livrent les leçons qu’ils ont retenues du spectacle. Nous pensons que
nous avons gagné notre pari », s’est réjoui Anicet Adanzounon qui invite
le public à la dernière représentation qui clôture la tournée à l’Espace Mayton
à Abomey-Calavi.
Donatien GBAGUIDI
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