mercredi 8 juin 2016

Ministère du Tourisme et de la Culture: Le ministre Ange N’Koué voit du rouge!


Les manifestants au Ministère du Tourisme et de la culture.

L’acte1 du mouvement "Mercredi rouge" initié par certains artistes  s’est exécuté ce mercredi au Ministère du tourisme et de la culture avant d’échouer à la Présidence de la République. Les manifestants promettent de revenir à la charge.

Le SGM/Richard Sogan échange avec les manifestants.



Des visiteurs  ordinaires, modestement mobilisés,  mais enragés. Ils sont tous des artistes issus de différentes disciplines artistiques.  Ils envahissent  le Ministère du tourisme et de la culture dans la matinée de  ce mercredi 8 juin 2016.  Et avec un style vestimentaire qui tranche avec la sérénité. Du rouge ! Pour un mouvement "Mercredi rouge". Un mouvement dirigé contre un homme : Ange N’Koué, leur ministre de tutelle. Sur les affiches qu’ils tiennent en main, les motivations du sit-in sont claires : "Oui aux réformes, mais sans les acteurs culturels Non » ; « Ma culture, je me dois de la protéger contre les vautours ». Deux phrases fortes inscrites sur un fond  rouge sur les deux affiches en bâche. Et sous les sonorités du groupe de fanfare mobilisé pour la circonstance, ça chante, ça danse et ça fait aussi de l’humour. Au point où des agents du ministère s’empressent de se constituer en spectateurs. Et le bruit va crescendo.  Puis atteint les oreilles du Ministre présent visiblement  au poste avant l’arrivée des manifestants. Alors, il envoie son émissaire. Il s’appelle Richard Sogan, le secrétaire général du Ministère. Il interpelle les responsables des manifestants. Sans se faire prier, le comédien Caïman, le cinéaste Ibrahim Padonou, les chanteurs  Nana Yao et Patrick Adandédjan se détachent du groupe pour     aller à la rencontre de l’émissaire du ministre. Après quelques conciliabules, les nouvelles tombent. Et elles ne sont pas bonnes pour les manifestants. « Le ministre a voulu qu’une délégation des manifestants le rencontrent à son bureau. Mais nous avons dit non. Nous voulons qu’il vienne nous rencontrer tous ici en bas. Car, ils estiment que nous n’avons pas une autorisation pour faire du sit-in », lance Patrick Adandédjan aux manifestants déjà très remontés. Et puis l’adrénaline monte. Les bruits du fanfare retentissent à nouveau. Et dans le brouhaha, l’émissaire du ministre se retire.  Quelques minutes plus tard, à 8 heures 45 minutes très précisément, le ministre Ange N’Koué, à bord de son véhicule 4X4 aux vitres tintées, quitte le ministère pour la présidence de la République où devrait se tenir le Conseil des Ministres hebdomadaire. Les manifestants prennent cette démarche du ministre comme du mépris et de la provocation. Alors, une nouvelle consigne est donnée : « Nous considérons l’attitude du ministre comme du mépris à notre endroit. Il aurait pu descendre nous écouter tout au moins. Mais il a préféré nous ignorer. Chers camarades, apprêtez-vous. Nous irons sans bruit à la Présidence pour nous plaindre au Président », a déclaré Patrick Adandédjan aux manifestants qui, en un brin de temps, vident le ministère.

La garde républicaine très coopérative !

Les manifestants au portail de la Présidence de la République.
A l’arrivée des manifestants à la présidence, l’étonnement se lit sur le visage des militaires qui forment le cordon sécuritaire installé au portillon de la Présidence. Et pour cause, les hommes en uniforme ne  sont pas informés de cette manifestation. Et pourtant, ils ont laissé les manifestants s’installer tenant en main, leurs affiches aux messages dénonciateurs. Ici, il n’y a eu ni fanfare, ni danse, encore moins chansons. Le silence protestataire est l’arme utilisée. Un silence qui contraint la garde républicaine à se rapprocher des manifestants pour mieux comprendre le motif de leur visite improvisée à la Présidence. « Chers frères, en temps normal, nous ne devrions pas vous laisser vous mobiliser à la porte de la présidence tel que vous le faites actuellement. Car, nous ne sommes pas informés de votre manifestation. Mais comme vous le savez, nous sommes tous des Béninois et nous pouvons nous comprendre. Nous n’allons pas vous chasser. Nous voulons vous écouter maintenant »,  a déclaré le commandant de la garde républicaine aux manifestants qui laissent s’éclater d’assourdissants applaudissements. « Chers camarades, vous voyez qu’il y a des gens plus courtois que notre ministre censé faire notre bonheur ? Nous voudrions d’abord remercier très sincèrement nos frères militaires qui viennent de nous accueillir avec chaleur et humanisme.  Ce qui nous a contraints à venir ici chez le Président de la République, c’est que notre ministre veut faire notre bonheur sans nous associer. Il a engagé des réformes dans le secteur de la culture sans associer les acteurs culturels que nous sommes. Peut-on faire des réformes dans l’armée sans associer les militaires ? Peut-on faire des réformes dans le coton sans associer les cotonculteurs ? Nous pensons que non. Nous sommes d’accord pour les réformes. Mais ce que nous exigeons, c’est que le ministre nous associe. Nous lui avons écrit, nous l’avons rencontré, mais il a fini par faire tout dans notre dos. Des réformes toutes faites qu’il veut nous imposer. Ça, nous n’allons pas accepter », a expliqué Patrick Adandédjan au commandant de la garde républicaine. Des explications qui visiblement ont ému ces militaires qui ont promis aux manifestants de s’investir personnellement dans le dossier afin que  le Chef de l’Etat soit informé de leurs préoccupations. Une nouvelle date est donc prise pour mieux structurer les choses pour que  les doléances des manifestants soient portées personnellement au Président Patrice Talon. Mais avant cette date, les manifestants se sont donné  rendez-vous pour ce jeudi 9 juin 2016 afin  d’assiéger à  nouveau le Ministère du tourisme et de la culture. Et ceci pour la même cause.


Donatien GBAGUIDI





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