Depuis ce samedi 30 janvier 2016, Edia
Sophie, la première femme ayant osé prendre le micro au Bénin, décédée le 4
décembre 2015 repose dans sa maison familiale à Abomey. Retour sur des obsèques
faites de regrets et d’amertumes.
La dépouille mortelle recevant les derniers hommages à Goho (Abomey) |
La dépouille mortelle de la disparue a reçu au Stade
municipal de Goho, à Abomey, sa ville natale, des hommages officiels. Y ont
pris part, le représentant du ministre de la culture, le maire de la ville
d’Abomey, des artistes de renommée dont entre autres, Vivi l’International, Sèna Joy, Baflora, Rek
Souza, les membres de l’Orchestre Nova Band de la disparue, ses amis,
parents, ses cinq enfants (deux hommes
et trois filles) et une population très
modestement mobilisée. Annoncé au podium installé pour la circonstance pour
rendre ses hommages à la désormais feue Edia Sophie, le maire Blaise
Ahanhanzo-Glèlè, après avoir dit tout le bien qu’il connait de la disparue,
donne le premier de ses regrets et amertumes.
« Je ne peux pas comprendre qu’aux obsèques d’une si grande vedette, que
le ministre de la culture s’absente. Aucune raison ne peut être valable. Je le
regrette amèrement », a lancé Blaise Ahanhanzo-Glèlè avant d’inviter les
artistes présents à continuer de valoriser le Bénin à travers leurs productions
artistiques. « Un jour, nos dirigeants reconnaîtront réellement votre
valeur », a-t-il laissé entendre dans un tonnerre d’applaudissements comme
une prière avant de promettre qu’un grand monument sera bientôt érigé en l’honneur
de la disparue afin de l’immortaliser.
En réponse à ce coup de gueule du
maire d’Abomey, le directeur adjoint du
Cabinet du ministère de la culture, représentant le ministre de la
culture, Paul Hounkpè a mentionné
que le ministre Paul Hounkpè a
pris toutes les dispositions pour personnellement prendre part aux obsèques,
mais a été retenu au dernier moment « au Conseil des Ministres qui se
tient au même moment que les hommages officiels ».
"je me suis fâchée contre ma mère..."
Francis Edia, le fils ainé de la disparue et ses autres
frères et sœurs, visiblement très émus par la disparition de leur mère ne
parviennent plus à contenir leurs larmes. Et les pleurs varient selon la
douleur que chacun ressent. Pour Céline De Mari, la fille ainée de Edia Sophie,
ses pleurs se justifient par trois raisons. La première raison, selon les
confidences qu’elle nous a faites, « c’est de m’être fâchée contre
maman ». Et pour cause, elle s’explique : « Un jour, à ma grande
surprise, quelqu’un m’envoie de message me demandant de venir donner à manger à
ma maman. J’en étais vraiment choquée au
point où j’ai reproché à maman de se confier à des inconnus qui ne cessent
d’embêter nous, ses enfants.
Aujourd’hui, je le regrette amèrement », a-t-elle confessé se fondant en
larmes. Et la seconde raison de sa douleur, « c’est que beaucoup pensent
que nous avons abandonné notre maman. Je veux dire aujourd’hui que la vérité,
c’est que si nous lui donnons 10.000FCFA, à peine elle arrive à en recevoir 1000FCFA. Je ne veux pas nommer ceux qui sont
à la base de cette situation », s’est-elle expliquée avant d’avouer la
dernière raison de ses regrets. « Maman ne souhaitais pas qu’on l’expose à
une place publique pour lui rendre des hommages. Elle m’a expressément dit
qu’elle n’en veut pas. Mais aujourd’hui, compte tenu de ce qu’elle a été pour
le Bénin, nous sommes obligés de trahir ses dernières volontés. Ça aussi, me
fait mal au cœur », a déclaré Céline De Mari. Des regrets et amertumes à
l’issue desquels la dépouille mortelle a été conduite , sous l’escorte des
membres du Fan Club de l’émission
culturelle "Hanlissa" animée par Aubin Akpohounkè, fortement mobilisés, dans sa maison familiale
où elle a été inhumée dans la nuit de ce samedi 30 janvier 2016 dans la stricte
intimité familiale.
Donatien GBAGUIDI
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