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mercredi 4 avril 2018

An 2 du régime Talon: La culture : un chantier encore vierge !

Depuis le 6 avril 2016, le vent du changement du régime Boni Yayi a soufflé sur le secteur des arts et de la culture. Le régime de la rupture et du Nouveau départ une fois installé, a engagé une série de réformes dans maints secteurs de la vie socio-économique et politique du Bénin. Mais depuis deux ans, la culture, en dehors de quelques actions marquantes qui relèvent parfois de la souveraineté nationale, quoique défrichée, attend toujours la marque du régime Talon.




Au nom des réformes, Ange N’Koué, le ministre du tourisme et de la culture du premier gouvernement du régime Talon, a suspendu le Fonds d’Aide à la Culture (FAC), l’unique guichet de financement des activités artistiques et culturelles. Nous étions en avril 2016, en plein processus de renouvellement du mandat des administrateurs de l’institution. Du coup, les acteurs culturels qui espéraient voir leurs dossiers étudiés ou entrer en possession du reliquat de leurs projets d’ores et déjà adoptés pour le compte de la saison artistique 2015 ont dû se résoudre à la nouvelle donne. Cette dette dont le montant est estimé à environ 635.000.000FCFA n’est pas jusqu’à ce jour, remboursée, en dépit des nombreuses promesses de remboursement faites. Compte tenu de ce blocage du Fonds d’aide à la culture, de 2016 jusqu’à ce jour, le Bénin n’a pas connu de saison artistique. Au contraire, le Fonds a été réduit à 2 milliards 400 millions, au lieu de 5 milliards précédemment retenus sous le régime Yayi. Bien que ce budget soit chaque année consigné dans la loi de finances de l’Etat, il n’aura jamais servi à faire fonctionner le Fonds d’aide à la culture, aujourd’hui transformé en Fonds des arts et de la culture (FAC), à la faveur du nouveau décret récemment adopté en Conseil des Ministres, sur l’initiative du successeur de l’ex-ministre, Ange N’Koué, Oswald Homéky, promu Ministre du tourisme, de la culture et des sports (MTCS), en octobre 2017.

Une lueur d’espoir, mais toujours pas rassurante !
Après pratiquement deux ans de blocage du fonctionnement du Fonds des arts et de la culture, le Conseil des Ministres a fini par donner une preuve des réformes qu’il dit engager dans le secteur. En effet, un nouveau décret portant Attributions, organisations et fonctionnement (AOF) du Fonds des Arts et de la culture a été adopté, en 2018, remettant ainsi en scène, l’institution. En gros, on retient des réformes qui y sont opérées, la réduction de 15 à 7, des membres du Conseil d’Administration, l’introduction du Fonds de bonification au profit des entrepreneurs culturels et consorts. Cette réhabilitation du FAC, doublée de la rencontre tenue avec les acteurs culturels, le 21 février 2018, par le ministre du tourisme, de la culture et des sports, Oswald Homéky, qui leur a dévoilé, "la stratégie de relance du secteur de la culture", a fait renaître l’espoir dans le secteur. Une lueur d’espoir toujours pas rassurante, vu que tout demeure des mots et des ambitions, encore sur papier.

Quelques talents ont émergé !
Dans cette galère culturelle sous la rupture, le Bénin a pourtant réussi à marquer sa présence sur de grandes scènes internationales. On retient d’abord, le prestigieux Prix d’Argent décroché par le réalisateur béninois, Sylvestre Amoussou au Festival panafricain de cinéma et de télévisions de Ouagadougou en 2016. Un prix qui a rehaussé l’image du Bénin au plan international, même si le lauréat n’a jamais pu rencontrer les autorités béninoises, ne serait-ce que pour recevoir leur félicitation et encouragement. L’autre talent qui a réussi à se révéler au monde en 2017, c’est bien le plasticien Remy Samuz. Il a décroché, pour le compte du Bénin, le Prix d’or aux jeux de la Francophonie. Contrairement à Sylvestre Amoussou, il a été reçu et félicité par l’ex-ministre du tourisme et de la culture, Ange N’Koué. Outre ces deux prestigieux prix qui ont fait parler du Bénin au plan international, il y a aussi l’impressionnante moisson obtenue par le Ballet national du Bénin, lors de sa tournée internationale italienne, aux festivals d’été, organisés par le Conseil international des organisations de festivals de folklores (Cioff). Deux prestigieux trophées ont été obtenus par l’institution, lors de cette expédition internationale. Toujours au plan international, le Bénin a réussi à marquer sa présence, en 2017 ainsi qu’en 2018, au Salon international de livre de Paris. Au plan national, l’organisation du Prix littéraire du Président de la République par le Ministère du Tourisme et de la culture, à travers la direction des arts et du livre, reste des points positifs à inscrire au bilan de la gouvernance culturelle sous le régime Talon. L’organisation du Festival international de théâtre du Bénin, prévu pour se tenir mi-novembre, selon les promesses du ministre Oswald Homéky, reste un challenge pour le régime, tout comme l’opérationnalisation du FAC. Parviendra-t-il à relever ces défis tel que promis par le ministre ? Les prochains jours nous édifieront.

Donatien GBAGUIDI



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