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mardi 14 novembre 2017

Hermas GBAGUIDI, dramaturge: "Jétais étonné que le jury ait attribué le Prix littéraire du Président de la République à Daté"



Dramaturge, metteur en scène et promoteur culturel, Hermas GBAGUIDI est à l’honneur depuis le 3 novembre 2017 à l’espace Tchif, avec une série de représentations théâtrales. Pour avoir mis en scène, la pièce "Le Chroniqueur du PR", qu’il a d’ailleurs représentée les 3 et 10 novembre 2017, il porte son regard critique sur  cette œuvre de Daté Atavito Barnabé-Akayi, sacré lauréat du Prix littéraire du Président de la République. Et après cet exercice, il marque son étonnement que le Prix soit attribué à l’auteur de la pièce "Le Chroniqueur du PR". Pourquoi cet étonnement ? Que dit-il des membres du jury ? Réponses dans cette interview qu’il nous a accordée. Une interview dans laquelle, Hermas GBAGUIDI annonce « des spectacles tout feu, tout flamme », les 17 et 24 novembre prochains, à l’espace Tchif. Lisez plutôt.


Depuis le 1er novembre 2017, vous avez entrepris une série de représentations théâtrales à l’Espace Tchif. Vous avez démarré cet événement par la pièce "Le Chroniquer du PR" de Daté Davito Barnabé-Akayi, lauréat du Prix Littéraire du Président de la République 2017. Quelles sont vos motivations en mettant en scène cette pièce ?
Hermas GBAGUIDI : L’œuvre est d’abord une œuvre d’actualité, puisque c’est une nouvelle publication. C’est le 1er atout de l’œuvre. Le 2ème atout, c’est que c’est une œuvre hautement politique. Une œuvre qui attaque de front, sans fioriture, le Président de la République. Le 3ème atout qui est en même temps la troisième raison de la mise en scène, c’est que Daté est un ami. Je me suis dit pourquoi ne pas m’investir à promouvoir cet auteur. Car, depuis son ouvrage, "Les confessions du PR", il aimerait que des artistes travaillent à le mettre en scène. Les gens l’ont toujours essayé,  mais ça n’a pas pu aboutir. C’est déjà l’un des regrets que l’auteur exprime.

Après deux représentations de la pièce à l’espace Tchif, quel bilan à mi-parcours faites-vous, par rapport au déplacement du public et à l’accueil du message  qui y est véhiculé ?
Je voudrais rappeler avant de revenir à votre question qu’avec la pièce "Le Chroniqueur du PR", nous avons déjà fait des représentations aussi bien au Togo qu’au Niger. L’espace Tchif, qui est dans une politique de réouverture depuis octobre 2017, nous a fait l’honneur de nous donner une carte blanche sur tout le mois de novembre. Tous les vendredis du mois, nous devons donc jouer. C’est ainsi que nous avons consacré deux vendredis au Chroniquer du PR, du moment où c’est une pièce nouvellement créée. Je puis vous dire que nous avons eu un public de qualité. Tous ceux qui sont intervenus sur la pièce, à savoir le préfacier, le post-facier, l’auteur, des enseignants du supérieur ainsi que le public amateur étaient au rendez-vous.  Ce qui était aussi intéressant, c’est la rencontre avec le public avant la représentation. Nous en étions vraiment sidérés. Ça nous bonifie et ça nous demande de montrer cette représentation aux publics qui n’ont pas pu la voir à l’Espace Tchif. C’est cet engagement que nous allons prendre bientôt.

Vous qui avez eu la chance de lire d’abord le manuscrit de la pièce "Le Chroniqueur du PR", avant sa publication, quel regard critique y portez-vous ?
Le regard critique, je l’ai déjà porté  dans ma note d’intention que j’avais envoyée à l’auteur de l’œuvre avant sa publication. Et il m’avait promis prendre en compte ma note d’intention dans la réédition du livre. Et pour vous répondre, je dirai que c’est une pièce qui apparaît toute crue. Parce que cela n’a pas ménagé le Président actuel. C’est pourquoi j’étais étonné que le jury ait attribué le prix à l’œuvre. C’est la preuve que les membres du jury ont réellement fait preuve d’impartialité. Car, s’ils devraient juger l’œuvre de par  ce qui y est écrit, ils devraient la censurer. Puisque l’œuvre traite de la traîtrise, sur trois paliers à savoir : traîtrise entre amis, traîtrise par rapport à l’idéologie, traîtrise également, par rapport aux promesses. Et sur tous les trois paliers, les protagonistes sont encore vivants et à travers les mots utilisés dans l’ouvrage,  on peut les désigner aisément. On n’a donc pas besoin d’appeler leur nom pour savoir que c’est de telle ou telle autre personne qu’on parle. L’imagination de l’auteur était donc difficilement détachable de la réalité. Et il faut être audacieux pour écrire une telle pièce, et se trouver un metteur en scène  tout aussi audacieux pour la mettre en scène. Mais nous l’assumons, parce que notre rôle d’artiste, c’est d’être des éveilleurs de conscience, pour éviter de jouer aux médecins après la mort. Moi j’interprète la décision des membres du jury d’attribuer le prix à cette œuvre par leur souci d’envoyer un message au président de la République. Ils veulent peut-être lui montrer qu’il y a déjà eu des artistes qui parlaient mal de lui. Car, attribuer le prix du président de la République à une œuvre qui critique aussi frontalement  le Président, c’est faire  preuve d’impartialité et d’audace. Et c’est un acte que  nous saluons. J’ai même vu le ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané,  représenter le Président lui-même à cette soirée de délibération. C’est une hauteur d’esprit qui démontre à suffisance, la vitalité de notre démocratie.

Deux grandes dates vous attendent encore pour clôturer la carte blanche que vous a donnée l’espace Tchif pour vos représentations. En guise de conclusion, à quoi doit s’attendre le public ?
La prochaine représentation sera consacrée à la pièce "Sossoumassédé". Il s’agit là, d’une pièce qui traite du panafricanisme, de l’échec et de l’espoir que nous avons. Elle est écrite par Noël  Fassinou et sera jouée par Casimir Agbla, un comédien de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (EITB). Et pour clôturer cette carte blanche en beauté, j’ai bien voulu montrer l’autre face de mes activités, étant donné qu’en plus d’être metteur en scène, j’officie aussi dans le secteur de la danse. Je finirai donc en beauté avec la relecture que je fais du  rythme "gan-gan", qui est un rythme déambulatoire. J’ai écrit un texte par rapport à ça que je mettrai en chorégraphie. L’autre originalité dans ce spectacle en vue, c’est que nous avons aussi touché à la danse Orisha. Contrairement aux habitudes, des dames vont porter le feu. Il s’agira d’un spectacle, tout feu, tout flamme. Pour finir, je voudrais rappeler que ces spectacles seront présentés les 17 et 24 novembre 2017 à l’espace Tchif. Je voudrais donc inviter tout le monde à prendre le rendez-vous.

Entretien réalisé par Donatien GBAGUIDI


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