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dimanche 23 juillet 2017

Culture/8èmes jeux de la Francophonie:Enquête sur les non-dits de la participation béninoise

Vendredi 14 juillet 2017.  La nouvelle de la non-participation de la jeune écrivaine Mireille Gandébagni et consorts aux jeux de la Francophonie, 8ème édition, envahit  les réseaux sociaux et fait tache d’huile. Pour finir, les autorités en charge de la culture, sous pression, ont fini par réintégrer les exclus des jeux, pourtant retenus sur  la liste officielle de  l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Dans la foulée, des accusés et complices ont été désignés. Mais aussi, des sauveurs. Que s’est-il réellement passé ? Enquête au sujet d’une affaire révélatrice de l’ampleur de la veille citoyenne dans le secteur  artistique et culturel béninois.



13 juin 2017. Mireille Gandébagni, l’écrivaine béninoise retenue pour les 8èmes jeux de la Francophonie rencontre le Directeur des arts et du livre (Dal), Léon Zoha à son bureau. Etaient présents, trois  artistes danseurs, de l’association Multicorps (Raouf Tiéga, Didier Djèléhoundé, Léa Loumière), venus pour d’autres négociations liées à un voyage qu’ils avaient en vue. Et puis, Mireille Gandébagni est informée de son retrait de la liste officielle des artistes béninois devant participer aux 8èmes jeux de la Francophonie. Mauvaise nouvelle donc. Et ça, elle n’a pas digéré. Elle claque alors la porte de la direction, après avoir exigé une notification officielle du Ministère du Tourisme et de la culture. Ce qui a été fait. C’est justement cette lettre qui a circulé sur les réseaux sociaux. Elle rend, sans ménagement, responsable, Léon Zoha, le directeur des arts et du livre, complice de cette mauvaise nouvelle qu’elle venait de recevoir et menace d’agir. A-t-elle raison de pointer d’un doigt accusateur, le Ministère du tourisme et de la culture, précisément le Directeur des arts et du livre? La réponse à cette interrogation nous a contraints à nous introduire dans les couloirs de la Présidence de la République. L’objectif : obtenir le relevé de la communication adoptée par le Conseil des Ministres. Et nous l’avons obtenu. Adoptée  au Conseil des Ministres du 12 juillet 2017, cette communication réduit à 5, le nombre des 8  artistes devant participer aux jeux, pour « contraintes budgétaires ». Mais qui a donné ces orientations au Conseil interministériel avant que le dossier n’atterrisse au Conseil des Ministres pour adoption ? La réponse à cette interrogation nous a amené à fouiner autour du Secrétariat de la Présidence de la République. Et là, nous avons eu la réponse. Sur une fiche obtenue des sources bien introduites au Secrétariat de la Présidence de la République, des instructions claires ont été données au Ministère du tourisme et de la culture, par rapport à la participation des artistes béninois aux 8èmes jeux de la Francophonie. Cette fiche intitulée "Fiche d’observations sur la communication du Ministère du tourisme et de la culture" date du 23 mai 2017. On y lit, en 1er point des observations, ce qui suit : Il vous est suggéré : 1. Dans les données générales : « de vous en tenir à l’accréditation de la Francophonie (OIF), en limitant la taille de l’équipe de la mission (artistes et personnel d’encadrement). Par exemple, réduire le nombre de domaines d’arts de 8 à 5, tout en supprimant les rubriques littérature, photographie et création numérique ». Voilà la communication finale qui a été introduite au Conseil des Ministres pour  approbation. Et c’est cette mauvaise nouvelle qui a été portée à Mireille Gandébagni par les soins du Directeur des arts et du livre.

Des alertes !
Le 14 juillet 2017, la notification exigée et obtenue par Mireille Gandébagni, atterrit dans les réseaux sociaux. Le monde artistique béninois, se sent consterné. Par une série d’actions, journalistes et acteurs culturels alertent par des posts tous azimuts. Sur le forum "Ministère du Tourisme et de la Culture"(MTC) où les vrais débats ont été menés sur le sujet, une cotisation de solidarité à Mireille Gandébagni a même été lancée sur l’initiative de Coffi Attédé, un promoteur culturel attitré. Des actes dont les échos ont été portés aux autorités en charge de la culture, plus que jamais sous pression. Qu’ont-elles réellement fait ?
Dans la recherche de la réponse à cette question, nous avons découvert une série de lettres d’alerte adressées aux services de la Présidence de la République pour décanter la situation. La 1ère lettre, la plus alerte d’ailleurs, date du 18 juillet 2017 et porte la signature du directeur des arts et du livre, Léon Zoha. Cette lettre résume la situation difficile de la participation des artistes béninois aux 8èmes jeux de la Francophonie en Côte-d’Ivoire et est adressée au chef Cellule de l’Unité Présidentielle de suivi/Culture du PR. Les représentants des artistes dans cette Unité ont pour nom, Ousmane Alédji, promoteur culturel et Dina Adébayo. Au regard de la gravité de la situation, ils ont alerté le Président  de la République pour dispositions à prendre. Le Président approuve la réintégration des artistes exclus. Mais pour pallier les contraintes budgétaires, il est procédé à la réduction à 3 artistes, l’équipe des marionnettistes initialement constituée de 5 membres. Informés de la situation, les marionnettistes n’approuvent pas l’idée et refusent d’embarquer, vu que techniquement, à trois, ils avouent ne pas pouvoir assumer à Abidjan.

Ce qu’a coûté la délégation béninoise, volet art et culture
Dans nos investigations, nous avons pu découvrir ce que la délégation béninoise à Abidjan, volet art et culture, a coûté au budget national. Constituée de 15 membres au total, dont 11 artistes, un journaliste, un régisseur, et deux administratifs, cette délégation officielle coûte à l’Etat béninois, environ 16 millions de Francs CFA. Il s’agit d’un coût qui prend en compte, les frais d’accréditation des jeux (accès à la compétition sur place), les frais de mission et consorts.  On retient que les frais d’accréditation ont coûté 262.400Fcfa par artiste, le billet d’avion 311.600Fcfa par membre de la délégation. Pour des raisons de réalités sociologiques, nous préférons taire le coût des frais de mission par membre de la délégation. Des frais de mission payés à 75% aux membres de la délégation, le jour même de leur embarquement, à l’aéroport,  pour Abidjan.  Abidjan où les jeux, démarrés le 21 juillet,  se poursuivent jusqu’au 30 juillet 2017. 

Donatien GBAGUIDI
Source: L'Evénement Précis 








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