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vendredi 2 juin 2017

Chronique culturelle: FAC : Quand l’espoir né à Kouhounou s’évapore !

De la parole. Pas n’importe quelle parole. La parole  présidentielle. Mais portée, par une personne toute aussi digne de foi. Le Directeur du Fonds des arts et de la culture (DFAC), Gilbert Déou Malè. Une parole sacrée donc qui, portée, a produit des effets incommensurables au sein des acteurs culturels. Fortement mobilisés le samedi 22 avril 2017 au Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Kouhounou, ils ont laissé éclore leur joie pour la bonne nouvelle que portait cette  parole sacrée. Cette bonne nouvelle, c’est le remboursement décidé par la présidence, des avances sur financement des projets  culturels de la saison artistique 2015-2016.  Des avances  gelées pour des soupçons de dettes contractées qui devinrent une querelle agaçante entre le Ministre Ange N’Koué et le DFAC. Une querelle qui, parvenue aux oreilles du Président de la République, a dû précipiter une mission d’audit pour clarifier la situation. Le rapport des  auditeurs promis accablant, a fini par donner raison aux acteurs culturels pour qui, les avances sur financement devront être restituées. Bonne nouvelle, s’en était une. Car, le secteur mis en hibernation sur l’autel des réformes qui tardent à livrer leurs secrets  n’accumulait que des informations désespérantes pour les acteurs culturels.
Mais depuis l’annonce de la bonne nouvelle présidentielle pompeusement distillée dans l’opinion  par la presse nationale, les jours s’égrainent, et l’argent refuse de briser les chaines de  son geôle pour parvenir à ses destinataires. Un mois, onze jours bien comptés déjà, et l’espoir né de Kouhounou  s’évapore tout doucement sous l’effet de la  longue attente inattendue  de la concrétisation de la parole présidentielle portée. De cette  attente qui commence à nourrir le désespoir chez les acteurs culturels, s’ajoute l’assèchement de toute information relative à cette bonne nouvelle. Toute chose qui nous contraint à nous référer au doute Cartésien qui, visiblement, nous a échappé dans cette affaire de parole présidentielle portée. En effet, parlant du doute Cartésien,  Dans « Discours de la méthode », Descartes nous dit : « A cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu’il n’y avait aucune chose qui fût telle qu’ils nous la font imaginer». Autrement dit, on aurait dû remettre en cause cette parole présidentielle portée, sans  s’abandonner à un doute septique nuisible aux vertus de l’espérance que se doit de cultiver tout être humain. Ce serait une démarche prudente, véritable échappatoire pour les faux espoirs. C’est ce que Descartes appelle « révoquer en doute ». Ce  qui n’est pas, selon les explications  du  professeur Alquié,     à proprement parler,  douter, mais  plus exactement nier, tenir pour faux. Il ne s’agit donc pas là du doute sceptique, celui de la suspension de jugement qu’incarne le « Que sais-je »?
Et comme si le destin s’acharne contre les acteurs culturels, l’Assemblée nationale vient  de signer la prolongation de leur  attente déjà  trop longue.  En effet, le  vendredi 26  mai 2017, une proposition de résolution de l’honorable Dakpè Sossou a fait l’objet en plénière,  de l’examen des députés. Cette résolution tend à la création d’une commission d’enquête parlementaire, missionnée pour « vérifier la gestion administrative, comptable, technique et financière du Fonds d’aide à la culture, de 2008 à 2016 ». Et pour conduire ces travaux, deux bons mois sont donnés à ses enquêteurs parlementaires pour déposer leur rapport. Deux mois au cours desquels  il est fort à parier qu’aucun décaissement de fonds ne peut s’opérer des comptes du FAC. Et l’enquête ne démarrera, selon nos sources bien introduites, qu’après la désignation complète, par chaque commission parlementaire,  des 10 députés chargés d’exécuter cette mission. Autrement dit, au délai de l’attente de la constitution de la commission, il faut aussi compter 60 jours avant d’espérer le bout du tunnel.
Au regard de ces éléments qui ne défient guère l’évidence, on est bien tenté de croire à présent que l’annonce de Kouhounou tutoie le canular. Et la meilleure façon de nous démentir, c’est le paiement réel et intégral, et sans délai,  de ces avances sur financement, conformément à la prophétie du 22 avril 2017. Et seul le Président de la République peut désormais prendre sur lui,   l’initiative de cette courageuse décision, pourtant libératrice de la parole d’honneur présidentielle, actuellement mise à rudes épreuves dans le monde culturel.











 Donatien GBAGUIDI

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