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vendredi 26 mai 2017

Chronique culturelle: Enfin, j’ai vu le mystérieux agenda culturel !

Le grand oral du ministre du Tourisme et de la  culture, Ange N’Koué a accouché d’un trophée qui fait jaser le monde culturel béninois. Un trophée que le ministre a brandi avec fierté  à ce grand rendez-vous médiatique, tel un gibier abattu après d’inédits exploits. Ce trophée, objet de toutes les convoitises a pour nom, l’agenda culturel. Ce précieux document qui constitue pour le monde des acteurs culturels, le baromètre capable de prendre le pouls de la vie artistique et culturelle  du pays, somnolente depuis plus d’un an déjà. Annoncé, exhibé, il devient insaisissable, puis recouvre d’un blason mystérieux qui laisse enfler la polémique.
 Dans notre soif de découvrir le précieux sésame, nous avons réussi à violer ce mystère. Voici donc, l’agenda culturel dans nos mains ! Un document soigneusement conçu, avec une couverture artistiquement réussie, qui aiguise en vous, une avide envie de l’ouvrir pour découvrir le contenu. Un contenu dont les premières pages sont consacrées au mot du ministre, qui, fièrement, invite le monde à prendre rendez-vous avec le Bénin. « Le Bénin vous invite à des rendez-vous atypiques où le génie d’artistes confirmés, le talent d’artistes à révéler, se mettent ensemble pour offrir des spectacles que seuls, nous avons le  don de savoir organiser », s’en est vanté, le ministre Ange N’Koué. Au total, 19 catégories de manifestations culturelles y sont retenues. Et le premier grand rendez-vous des manifestations artistiques au plan national nous fait écarquiller les yeux. Il s’agit du Festival national du théâtre du Bénin (Fesnat-Bénin) annoncé pour se tenir du 15 au 20 mars 2017. Notre étonnement se renforce davantage lorsque nous savons que de notre mémoire de journaliste culturel, outre le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb),  qui se tient aussi généralement en mars, nous n’avons encore eu droit, à un événement  concurrent. Il s’agit, sûrement donc, sous réserve d’être contredit, d’un nouveau festival  qui nous fera découvrir,  absolument, de nouveaux visages que nous aurons le temps d’apprécier. L’autre chose qui retient notre attention dans cet agenda culturel, si ce qui y  est prévu venait  à être validé, c’est que le Bénin ne vivra pas culturellement d’avril à Août 2017. Il en est ainsi parce que toutes les manifestations prévues dans l’agenda culturel  dans cette période devront être exécutées soit en Europe, soit dans d’autres pays d’Afrique. L’unique manifestation du mois d’août, annoncée dans l’agenda pour se tenir au Bénin est intitulé, le Festival national des Miss du  Bénin (FESMISS-Bénin). Le mois de septembre, quant à lui, nous réserve, au plan national, le Festival national du cinéma, le Festival national des masques Guèlèdè, Egougoun, Zangbéto, marionnettes et Kaléta du Bénin. Hormis  ces deux manifestations que reconnaît l’agenda culturel, au plan national, toutes les autres retenues doivent encore se dérouler hors des frontières nationales. De toutes ces manifestations, tant au plan national qu’international, des Comités de gestion sont d’ores et déjà retenus et leur président tout aussi désigné. On peut retenir donc que pour ce qui concerne les manifestations culturelles du Bénin au Bénin, c’est monsieur Safiou Tiéga qui préside le Comité de gestion,  en Afrique, c’est monsieur  Béo Aguiar qui chapeaute le  Comité de gestion. Quant aux manifestations culturelles du Bénin dans le monde, c’est Christel Gbaguidi qui est désigné pour présider le Comité de gestion.
Somme toute, l’agenda culturel, tel que conçu, donne priorité aux manifestations culturelles du Bénin au plan africain et européen, sans se soucier de la vie artistique et culturelle qui devra immanquablement reprendre au plan national. Pire, les grandes manifestations culturelles qui ont déjà fait le chemin avec les Béninois, et dans lesquelles ils se retrouvent sans nul doute, sont royalement ignorées par l’agenda culturel. Nous pensons, à titre illustratif, au festival Agogo, hanlissa, au festival de théâtre et de musique pour personnes handicapées (Fithmhand) et consorts.
Dans ces conditions, on est donc bien en droit d’affirmer que l’agenda culturel tel que réalisé, est bien loin de  donner du souffle à la vie artistique et culturelle au Bénin.
Il est donc temps d’arrêter la saignée. Cela revient, inévitablement, à rebattre les cartes pour mieux les aligner.

Donatien GBAGUIDI

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