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vendredi 31 mars 2017

Retour des biens culturels en France vers le Bénin: Le gouvernement Talon sur la voie de la négociation


Le président béninois, Patrice Talon

A la faveur du Conseil des Ministres du 27 juillet 2016, le Bénin a décidé de saisir la France pour qu’elle lui retourne ses biens culturels spoliés à la fin de la colonisation. Une décision audacieuse qui a suscité une avalanche de soutiens, mais qui reste problématique au regard des obstacles qui s’érigent contre sa prospérité.




Le président français, François Hollande
Dans  une enquête du journal Le Point Afrique, le Bénin réclame à la France, plus  de 5000 pièces  «réparties  dans plusieurs musées privés, mais dont la majorité appartient désormais aux collections du Quai Branly, à Paris ». Selon les précisions du même journal, au nombre des pièces réclamées, figurent  « la statue du roi Guézo, les récades royales, le trône de Glélé, les portes sacrées de son palais ». Des pièces précieuses réclamées, auxquelles le gouvernement français oppose un refus catégorique. C’était le   12 décembre 2016 à travers une lettre adressée au ministre béninois des affaires étrangères, Aurélien Agbénonci   par un courrier signé du premier ministre français,  Jean-Marc Ayrault. De façon péremptoire, le Quai d’Orsay répond au Bénin en ces termes : « Les biens que vous évoquez ont été intégrés de longue date, parfois depuis plus d'un siècle, au domaine public mobilier de l'État français. Conformément à la législation en vigueur, ils sont soumis aux principes d'inaliénabilité, d'imprescriptibilité et d'insaisissabilité. En conséquence, leur restitution n'est pas possible ». Et puis il fait le procès au Bénin de ne toujours pas ratifier la Convention qui encadre «  les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites de biens culturels, mise en application en 1997 ».

La réplique du Bénin
Face à cette réponse cinglante du Quai d'Orsay, le Bénin n’abdique guère. Mais le pays prend la précaution de tempérer ses ardeurs. A la faveur du Conseil des Ministres du 8 mars 2017, le Ministre d’Etat, secrétaire général à la   Présidence de la République du Bénin, Pascal Irénée Koupaki annonce l’autorisation d’une rencontre entre les autorités béninoises et françaises pour mieux peaufiner le processus de restitution. La voie de la négociation venait ainsi d’être engagée. Le but étant, selon les précisions données par Pascal Irénée Koupaki, d’offrir «l'occasion de poursuivre les pourparlers afin de faciliter l'accès à ces objets emportés ».  Cette mission diplomatique des autorités béninoises a été effectuée sur la France. Dans une interview accordée au Journal français Le Monde, par courriel, le ministre béninois en charge du tourisme et de la culture, Ange N’Koué  ne donnera aucune explication claire sur les résultats de la rencontre entre les autorités françaises et béninoises à ce sujet. A la question du journal Le Monde, « Quelles suites diplomatiques ou juridiques allez-vous donner à cette affaire ? », le ministre répond sans autre commentaire : « Comme l’a souhaité la partie française, nous sommes en concertation ». Et depuis, plus rien ne filtre encore de ce dossier aux contours bien problématiques.

Le Bénin sous pression
La décision du gouvernement béninois a reçu une adhésion populaire sans précédent. Sur l’initiative du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), des soutiens importants, au plan national et international se démarquent en faveur du Bénin. C’est ainsi qu’est né un Collectif des députés français et béninois soutenus par des rois béninois. Dans sa publication du 30 mars 2017, Le Monde publie une Tribune de ces députés qui rappellent : « qu’il existe en France une Commission scientifique nationale des collections, dont la mission est justement de déclasser les objets soumis à son examen, en vue d’une éventuelle restitution. Quand des objets du patrimoine ont été volés, la Commission peut les déclasser en vue d’une restitution intégrale. Par conséquent, ces biens qui ont été emportés par les armées coloniales peuvent être déclassés et restitués. ». Un avis auquel s’associe Sindika Dokolo, le mécène et homme d’affaire congolais,  grand  collectionneur d’art africain classique comme contemporain. Sur son compte tweeter, il s’attaque vertement à la France et considère sa réponse au gouvernement béninois comme une offense et une insulte. Comme l’a relayé le magasine Jeune Afrique du 29 mars 2017, pour lui, en effet,  «s’abriter derrière la législation en vigueur dans l’Hexagone pour empêcher le retour d’objets volés à la fin du XIXe siècle est à la fois une offense et une insulte ». Et pour mieux exprimer sa colère, toujours en soutien à la demande du Bénin, il a annulé  « le prêt de cinq œuvres d’art classique de sa collection au Musée du Quai Branly, dans le cadre d’une exposition à venir sur le Gabon », a indiqué Jeune Afrique. Une série de soutiens qui contraint désormais le Bénin à poursuivre ce dossier quoique difficile à concrétiser.
  

Donatien GBAGUIDI








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