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jeudi 17 novembre 2016

Fitmhand 2016: « Les personnes handicapées auront leur festival », promet Gaston Eguédji



Les bruits ont couru que le Festival international de théâtre et de musique pour personnes handicapées, l’édition 2016 (Fitmhand) n’aura pas lieu. Une information qui fait dresser les cheveux chez les artistes concernés. Dans une interview qu’il nous a accordée, Gaston Eguédji, le promoteur de l’événement promet sa tenue du 3 au 4 décembre 2016. Lisez plutôt.








L’Evénement Précis : Comme à la fin de chaque année, les artistes en situation de handicap espèrent le Festival international de théâtre et de musique pour personnes handicapées (Fitmhand). Les bruits ont couru que l’événement n’aura pas lieu cette année 2016. Le confirmez-vous ?
Gaston Eguédji : En fait, on avait voulu organiser cette année, en lieu et place du festival, un colloque pour réfléchir sur le devenir des artistes en  situation de handicap. Mais, quand ils ont appris que le festival n’aura pas lieu, ils ont commencé par bouder, arguant que c’est le seul événement qui leur permet d’exprimer leurs talents artistiques et de promouvoir leur carrière. Ils ont donc clairement dit qu’ils ne sont pas d’avis de tenir, en lieu et place du festival, le colloque. Après avoir réfléchi sur leurs suggestions, nous avons jugé utile de tenir le festival, en collaboration avec un autre festival qui se tiendra aussi à Parakou. Pour en revenir à votre question, je peux donc vous répondre par l’affirmative. Les personnes en situation de handicap auront bel et bien leur festival. Ce sera à Parakou, du 3 au 4 décembre 2016.

On voit bien que c’est sous la pression des artistes que vous avez dû décider de tenir le festival, en lieu et place du colloque que vous aviez voulu organiser cette année. Qu’est-ce qui a motivé la décision d’organiser un colloque en faveur des personnes en situation de handicap ?
Cela fait déjà cinq (5) ans que j’organise  sans aucun appui financier de l’Etat,  le Fitmhand.  A chaque édition, les autorités ne nous font même pas l’honneur de venir  soutenir l’action que nous menons. Nous avons constaté qu’au Bénin, les personnes en situation de handicap, ne sont pas considérées. Même le minimum de précaution qu’il faut prendre pour leur permettre d’avoir facilement accès au podium pour leur prestation n’existe pas. Nous avons alors décidé d’organiser ce colloque pour y inviter les autorités en charge des travaux publics, celles en charge de la culture, de la santé afin qu’elles puissent écouter les doléances des artistes en situation de handicap. Ceci leur aurait permis de prendre la mesure de la situation, pour prendre des dispositions utiles qui s’imposent  chaque fois qu’ils auront à prendre des décisions qui engagent la vie des personnes en situation de handicap. Car, la vérité, c’est que beaucoup de personnes que nous considérons comme handicapées ont de grands diplômes et sont parfois plus doués que ceux que nous considérons comme normaux. Mais malheureusement, sur le marché de l’emploi, ces personnes en situation de handicap sont purement et simplement exclues. C’est pour corriger cette discrimination que nous avons voulu organiser ce colloque,  à l’issue duquel nous avions voulu prendre des résolutions pour changer la donne.

Vous avez fini par céder à la pression des artistes en optant pour l’organisation du festival en lieu et place du colloque cette année. Quelle sera alors la place de cette réflexion qui parait quand même bien utile pour cette catégorie d’artistes que vous défendez ?
Je dirai que leur réaction, après réflexion, m’a réconforté. Je me suis dit que l’un de mes objectifs est atteint. Car, le festival était un creuset qui leur permettait de se voir et de discuter de leur situation. Et j’ai noté que lorsqu’ils ont constaté que ce creuset-là tend à disparaître cette année, ils ont tout de suite réagi et protesté.

Quelle sera alors la place de la réflexion qui nous parait quand même importante ?
C’est toujours possible de trouver un creuset pour la réflexion, lors du festival. C’est vrai que cela ne pourra pas être une chose grandiose telle que nous l’avions voulue, en parlant de colloque. Si les autorités que nous allons y inviter régulièrement comme nous en avons l’habitude, viennent, ce serait bien. Dans le cas contraire, nous allons aviser en leur envoyant les différentes résolutions qui seront prises.

De façon pratique, comment va se dérouler le Fitmhand 2016 ?
Cela va se passer comme d’habitude. Le 3 décembre, les troupes de théâtre vont donner leur spectacle aux populations. La spécificité, cette année, c’est que les artistes sélectionnés sont des handicapés visuels. Pour ce qui concerne la 2ème journée, ce sont les artistes musiciens qui vont faire le show comme on le dit. Et  sur ce registre, nous avons essayé de renouveler un peu les participants. On n’aura donc pas cette année, les mêmes visages, contrairement  au tableau que nous avons l’habitude de présenter. On aura donc les artistes musiciens comme Roger Tchaou,  le jeune Clico Mathieu que nous venons de découvrir, la jeune artiste dite "Yoyo, la Fleur" et  Maurice Saïzonou. Je dois préciser qu’ils sont tous des handicapés visuels. Pour ce qui concerne le théâtre, c’est un groupe venu du quartier Sègbèya de Cotonou qui est retenu sur le festival. Cette troupe de théâtre s’appelle "La Nouvelle Aurore". C’est leur toute première participation au Fitmhand. Et je dois aussi préciser que nous sommes en partenariat avec le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), version wxéxi (migratoire) dont la dernière phase va se dérouler à Ouidah.  Etant donné que le Fitheb a choisi célébrer comme le Fitmhand, la journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre 2016, nous aurons donc à programmer aussi, des artistes en situation de handicap sur le Fitheb wxéxi à Ouidah. Ce sera exclusivement des spectacles de théâtre.

Un mot pour conclure l’entretien ?
Comme j’ai l’habitude de dire, il faut que le Ministère du tourisme et de la culture, ait un regard bienveillant sur les artistes qui sont en situation de handicap. Car, le constat est clair que ces gens-là sont toujours relégués au second plan. A l’endroit des artistes, nous les invitons à faire en sorte que leur handicap ne soit pas un handicap pour leur épanouissement. C’est d’ailleurs le slogan du Fitmhand.

Propos recueillis par Donatien GBAGUIDI

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