Les bruits ont couru
que le Festival international de théâtre et de musique pour personnes
handicapées, l’édition 2016 (Fitmhand) n’aura pas lieu. Une information qui
fait dresser les cheveux chez les artistes concernés. Dans une interview qu’il
nous a accordée, Gaston Eguédji, le promoteur de l’événement promet sa tenue du
3 au 4 décembre 2016. Lisez plutôt.
L’Evénement
Précis : Comme à la fin de chaque année, les artistes en situation de
handicap espèrent le Festival international de théâtre et de musique pour
personnes handicapées (Fitmhand). Les bruits ont couru que l’événement n’aura
pas lieu cette année 2016. Le confirmez-vous ?
Gaston Eguédji : En fait, on avait voulu
organiser cette année, en lieu et place du festival, un colloque pour réfléchir
sur le devenir des artistes en situation
de handicap. Mais, quand ils ont appris que le festival n’aura pas lieu, ils
ont commencé par bouder, arguant que c’est le seul événement qui leur permet
d’exprimer leurs talents artistiques et de promouvoir leur carrière. Ils ont
donc clairement dit qu’ils ne sont pas d’avis de tenir, en lieu et place du
festival, le colloque. Après avoir réfléchi sur leurs suggestions, nous avons
jugé utile de tenir le festival, en collaboration avec un autre festival qui se
tiendra aussi à Parakou. Pour en revenir à votre question, je peux donc vous
répondre par l’affirmative. Les personnes en situation de handicap auront bel
et bien leur festival. Ce sera à Parakou, du 3 au 4 décembre 2016.
On voit bien que c’est
sous la pression des artistes que vous avez dû décider de tenir le festival, en
lieu et place du colloque que vous aviez voulu organiser cette année. Qu’est-ce
qui a motivé la décision d’organiser un colloque en faveur des personnes en
situation de handicap ?
Cela fait déjà cinq (5) ans que j’organise sans aucun appui financier de l’Etat, le Fitmhand.
A chaque édition, les autorités ne nous font même pas l’honneur de
venir soutenir l’action que nous menons.
Nous avons constaté qu’au Bénin, les personnes en situation de handicap, ne
sont pas considérées. Même le minimum de précaution qu’il faut prendre pour
leur permettre d’avoir facilement accès au podium pour leur prestation n’existe
pas. Nous avons alors décidé d’organiser ce colloque pour y inviter les
autorités en charge des travaux publics, celles en charge de la culture, de la
santé afin qu’elles puissent écouter les doléances des artistes en situation de
handicap. Ceci leur aurait permis de prendre la mesure de la situation, pour
prendre des dispositions utiles qui s’imposent
chaque fois qu’ils auront à prendre des décisions qui engagent la vie
des personnes en situation de handicap. Car, la vérité, c’est que beaucoup de
personnes que nous considérons comme handicapées ont de grands diplômes et sont
parfois plus doués que ceux que nous considérons comme normaux. Mais
malheureusement, sur le marché de l’emploi, ces personnes en situation de
handicap sont purement et simplement exclues. C’est pour corriger cette
discrimination que nous avons voulu organiser ce colloque, à l’issue duquel nous avions voulu prendre
des résolutions pour changer la donne.
Vous avez fini par
céder à la pression des artistes en optant pour l’organisation du festival en
lieu et place du colloque cette année. Quelle sera alors la place de cette
réflexion qui parait quand même bien utile pour cette catégorie d’artistes que
vous défendez ?
Je dirai que leur réaction, après réflexion, m’a réconforté.
Je me suis dit que l’un de mes objectifs est atteint. Car, le festival était un
creuset qui leur permettait de se voir et de discuter de leur situation. Et
j’ai noté que lorsqu’ils ont constaté que ce creuset-là tend à disparaître
cette année, ils ont tout de suite réagi et protesté.
Quelle sera alors la
place de la réflexion qui nous parait quand même importante ?
C’est toujours possible de trouver un creuset pour la
réflexion, lors du festival. C’est vrai que cela ne pourra pas être une chose
grandiose telle que nous l’avions voulue, en parlant de colloque. Si les
autorités que nous allons y inviter régulièrement comme nous en avons l’habitude,
viennent, ce serait bien. Dans le cas contraire, nous allons aviser en leur
envoyant les différentes résolutions qui seront prises.
De façon pratique,
comment va se dérouler le Fitmhand 2016 ?
Cela va se passer comme d’habitude. Le 3 décembre, les
troupes de théâtre vont donner leur spectacle aux populations. La spécificité,
cette année, c’est que les artistes sélectionnés sont des handicapés visuels.
Pour ce qui concerne la 2ème journée, ce sont les artistes musiciens
qui vont faire le show comme on le dit. Et
sur ce registre, nous avons essayé de renouveler un peu les
participants. On n’aura donc pas cette année, les mêmes visages, contrairement au tableau que nous avons l’habitude de
présenter. On aura donc les artistes musiciens comme Roger Tchaou, le jeune Clico Mathieu que nous venons de
découvrir, la jeune artiste dite "Yoyo, la Fleur" et Maurice Saïzonou. Je dois préciser qu’ils
sont tous des handicapés visuels. Pour ce qui concerne le théâtre, c’est un
groupe venu du quartier Sègbèya de Cotonou qui est retenu sur le festival. Cette
troupe de théâtre s’appelle "La Nouvelle Aurore". C’est leur toute
première participation au Fitmhand. Et je dois aussi préciser que nous sommes
en partenariat avec le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb),
version wxéxi (migratoire) dont la dernière phase va se dérouler à Ouidah. Etant donné que le Fitheb a choisi célébrer
comme le Fitmhand, la journée internationale des personnes handicapées, le 3
décembre 2016, nous aurons donc à programmer aussi, des artistes en situation
de handicap sur le Fitheb wxéxi à Ouidah. Ce sera exclusivement des spectacles
de théâtre.
Un mot pour conclure
l’entretien ?
Comme j’ai l’habitude de dire, il faut que le Ministère du
tourisme et de la culture, ait un regard bienveillant sur les artistes qui sont
en situation de handicap. Car, le constat est clair que ces gens-là sont
toujours relégués au second plan. A l’endroit des artistes, nous les invitons à
faire en sorte que leur handicap ne soit pas un handicap pour leur
épanouissement. C’est d’ailleurs le slogan du Fitmhand.
Propos recueillis par
Donatien GBAGUIDI
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